Le président israélien Reuven Rivlin a vertement critiqué mardi le projet de loi controversé sur "l'Etat juif" qui a été adopté dimanche par le cabinet.
"Une telle approche hiérarchique, qui place la judéité avant la démocratie, ignore l'objectif fondamental de la Déclaration d'indépendance, qui combine les deux éléments sans les ségréger", a déclaré M. Rivlin lors d'une conférence annuelle du procureur général organisée dans la ville d'Eilat (sud), a rapporté mercredi le quotidien the Ha'aretz.
M. Rivlin a également affirmé que les efforts d'Israël ne devraient pas se concentrer sur "l'établissement de différences entre le judaïsme et la démocratie, mais plutôt sur le potentiel du développement et de l'émancipation mutuels lorsque ces deux concepts se rencontrent".
Le projet de loi controversé a été adopté par le cabinet dimanche, et devrait être soumis à un vote au parlement, qui a le dernier mot quant à l'adoption du projet de loi.
Un vote avait d'abord été prévu mercredi, mais a été reporté à la semaine prochaine en raison des profonds désaccords sur la proposition au sein de la coalition au pouvoir.
Le projet de loi, un effort commun des membres du Likoud et du Foyer juif, tente de définir Israël dans la Loi fondamentale comme l'Etat nation du peuple juif, alors qu'Israël en tant qu'Etat démocratique apparaît seulement dans une autre clause.
Il met également l'accent sur les "droits nationaux" des Juifs, tels que les symboles d'auto-détermination comme un drapeau ou un hymne, tout en rétrogradant le statut de l'arabe de langue officielle à langue au statut spécial, dans un pays où environ un cinquième de la population est arabe.
Bénéficiant d'un statut similaire à la Constitution, la Loi fondamentale, si adoptée, contraindra les tribunaux à appliquer ces principes dans le processus judiciaire.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou défend le projet de loi, malgré l'objection du ministre des Finances Yair Lapid et du ministre de la Justice Tzipi Livni, qui accusent tous deux M. Netanyahou d'utiliser le projet de loi pour s'attirer des votes de l'extrême droite aux prochaines élections internes du Likoud.
Pendant le weekend, le procureur général Yehuda Weinstein a également condamné le projet de loi, affirmant qu'il "apporterait des changements significatifs aux principes de base du droit constitutionnel ... et mènerait à la détérioration du caractère démocratique de l'Etat", selon le quotidien Ha'aretz.