Le report de la date limite des pourparlers sur le nucléaire iranien précédemment fixée au 24 novembre marque un tournant historique pour la révolution islamique, a indiqué mercredi un expert iranien à Xinhua.
"Je pense que l'histoire prouvera que les (récentes réunions) à Vienne ont marqué un tournant dans la révolution islamique, car pour la première fois depuis 35 ans, l'Iran et les Etats-Unis se sont assis à la même table, ont discuté et se sont entendus sur plusieurs points", a déclaré Dr. Sadeq Zibakalam, professeur de sciences politiques à l'Université de Téhéran.
Après sept jours de pourparlers intensifs sur le nucléaire n'ayant pas permis de trouver un accord global sur le programme nucléaire controversé de Téhéran avant la date limite fixée, les ministres des Affaires étrangères de la République islamique et du groupe P5+1 ont convenu lundi de reporter la date limite des pourparlers à sept mois plus tard afin d'optimiser les chances de conclure un accord.
Conformément à cette décision, l'accord provisoire de Genève, le Plan d'action conjoint signé le 24 novembre 2013, sera également prolongé jusqu'au 30 juin 2015 et les pourparlers reprendront en décembre.
L'organisation récemment de plusieurs rondes de négociations bilatérales entre le ministre iranien des Affaires étrangères et son homologue américain à Vienne a laissé entrevoir une réduction des différends entre les deux pays à l'avenir, a souligné M. Zibakalam.
"Je considère que les pourparlers de Vienne ne sont ni une victoire, ni un échec. Il s'agit d'un tournant historique. Ils prouvent que la paix est possible, que la négociation est possible, que des négociations fructueuses entre l'Iran et les Etats-Unis sont possibles", a-t-il déclaré avant d'ajouter que les conservateurs estimaient que cela était impossible depuis 35 ans.
L'universitaire iranien a fait allusion à la réaction de certains médias locaux face à la prolongation des négociations et a souligné que certains journaux conservateurs de Téhéran étaient "furieux" car ils s'étaient rendus compte que le gouvernement américain voulait faire la paix avec l'Iran et que le gouvernement iranien était également prêt à l'accepter.
Mardi, le journal conservateur Kayhan avait indiqué : "Conformément à l'accord ambigu (de Vienne), les sanctions et la suspension des activités nucléaires de l'Iran ont été prolongées". Le journal avait auparavant alerté que l'Occident refuserait de signer un accord laissant l'Iran jouir de ses "droits au nucléaire".
Dans ces circonstances, la prolongation "de l'accord de Genève néfaste et ambigu est leur meilleure solution", a-t-il ajouté.
Les conservateurs iraniens sont inquiets car "l'anti-américanisme perd du terrain", a fait remarquer M. Zibakalam, qui a ajouté que cela était un signe d'amélioration des relations américano-iraniennes à l'avenir, qui pourraient contribuer à la signature d'un accord sur le nucléaire.
L'accord de lundi a fourni davantage de temps et d'espace pour trouver un accord-cadre d'ici au 1er mars et un accord complet d'ici au 1er juillet, qui devrait inclure tous les aspects techniques.
Au cours des sept prochains moins, aucun changement spectaculaire ne surviendra, mais des accords pourraient être trouvés sur quelques points de ces questions épineuses, a ajouté le professeur.
Les Iraniens finiront par se rendre compte que les sanctions, que ce soient celles du Conseil de sécurité de l'ONU, des Etats-Unis ou de l'Union européenne, ne peuvent être levées du jour au lendemain. Par ailleurs, lorsque les Etats-Unis auront pris conscience que les Iraniens respectaient les engagements qu'ils avaient pris lors d'accords précédents, leurs différends diminueront, a indiqué M. Zibakalam.
"Je reste confiant quant aux résultats qui seront obtenus dans sept mois", a-t-il déclaré.
"Si tout se passe bien, au cours de ces sept mois, cette bonne atmosphère favorisera les négociations".