Alors que le gouvernement examinera mercredi prochain un projet de loi sur la croissance, qui comprend une extension du travail dominical à Paris, la mairie de la capitale a dévoilé mercredi un rapport dans lequel elle prône une extension plus modérée que celle voulue par l'exécutif.
"Faut-il ouvrir les magasins parisiens le dimanche? Si le ministre de l'Economie Emmanuel Macron est pour, et soutiendra cette idée lors de la présentation de la loi pour la croissance le 10 décembre en conseil des ministres, Anne Hidalgo (maire de Paris, ndlr), elle, n'y tient pas", indique mercredi la chaîne d' information BFM TV sur son site Internet.
"Paris compte actuellement sept zones touristiques où les commerces ouvrent tous les dimanches sans compensation obligatoire pour leurs salariés", tandis que tous les commerces de la capitale peuvent demander l' "autorisation d' ouvrir cinq dimanches par an au maximum", rappelle de son côté le journal Le Monde.
En plus de porter de 5 à 12 le nombre de dimanches ouvrables, le projet de loi du ministre de l'Economie prévoit "l'extension du travail du dimanche dans les gares" et "la création de zones touristiques internationales ouvertes jusqu'à minuit", dont "la décision de les créer serait du ressort du ministre chargé du tourisme, en l'occurrence Laurent Fabius", lequel "s'est prononcé pour l'ouverture des enseignes du boulevard Haussmann tous les dimanches de l' année pour créer de l'emploi", précise le quotidien.
Dans son rapport sur le travail du dimanche à Paris paru mercredi dans le quotidien L'Opinion, la mairie de la capitale "conteste point par point les arguments pour libéraliser un peu plus le travail dominical", note le site d'information Mediapart.
"Environ 20 à 25 % des commerces sont ouverts et couvrent la totalité des besoins de la vie courante", est-il notamment indiqué dans ce rapport de la mission d'information et d'évaluation (MIE) sur le travail dominical mise en place par la maire de Paris.
Le rapport "évoque bien des 'évolutions (qui) paraissent possibles' - comme le passage de 5 à 12 dimanches ouverts par an, ou l'ouverture des commerces dans les gares - mais il refuse de se laisser imposer le dispositif par le gouvernement", note pour sa part la radio France Info.
"Par exemple, hors de question d'envisager l'ouverture des grands magasins du boulevard Haussmann, dans le cadre des nouvelles 'zones touristiques internationales' qui seraient créées par simple décret gouvernemental", souligne la radio.
"Ce retour en arrière qui rétablit une tutelle du pouvoir central" sur Paris est "inacceptable", indique le rapport.
Si le rapport estime que les effets sur l'emploi seraient nuls voire contre-productifs, la présidente du groupe UMP au conseil de Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet, citée par BFM TV, estime pour sa part que "l'ouverture des commerces le dimanche c'est plus de 10 000 emplois à créer, c'est de l'activité, de la richesse".
Le rapport divise même au sein des élus socialistes parisiens, rapporte le journal Le Parisien, qui cite le député PS de Paris Christophe Caresche.
"Le projet de rapport de la MIE que j'ai consulté est un réquisitoire grossier instruit à charge contre le travail le dimanche. Comment nier que le tourisme est un vecteur de croissance pour les commerces (...) La MIE n'a pas fait son travail. Au lieu d'engager un débat de manière sereine, elle s'est contentée d'une approche idéologique et politique", assène le député parisien.
Le rapport doit être voté jeudi par les 19 conseillers de Paris membres de la MIE, tandis que l'ensemble du Conseil de Paris doit se prononcer en février, concluent les médias français.