Plusieurs leaders des manifestations aux Etats-Unis ont déclaré mardi que les manifestations nationales contre une décision du grand jury de ne pas inculper un policier blanc qui a tué un adolescent noir non armé continueront de prendre de l'ampleur, alors qu'ils n'ont vu aucune "réforme significative" dans beaucoup de domaines.
"Nous continuerons à descendre dans les rues, nous continuerons à déranger l'ordre public... jusqu'à ce que quelque chose de concret se produise pour le peuple de nos communautés, jusqu'à ce que nous voyions des réformes significatives", a confié à la presse Philip Agnew, co-fondateur du groupe d'activistes Dream Defenders.
M. Agnew est l'un des leaders des manifestations qui ont rencontré le président Barack Obama à la Maison Blanche lundi, jour où M. Obama a tenu une série de rencontres avec des membres du cabinet, des défenseurs des droits de l'homme et des responsables de l'application de la loi, pour aborder le problème de méfiance entre la police et les minorités.
Les manifestations à Ferguson, une banlieue nord de Saint-Louis, dans l'Etat du Missouri, se sont répandues dans plus de 170 villes américaines, après qu'un procureur du comté a annoncé le 24 novembre la décision du grand jury de ne pas inculper Darren Wilson, un ancien officier de la police de Ferguson qui a abattu Michael Brown, 18 ans, par balles le 9 août dernier.
Les manifestations ont ouvert un débat national sur les relations raciales et le pouvoir de la police aux Etats-Unis. Mais le président Obama a adopté une position prudente sur le dossier et n'a pas visité Ferguson depuis le début des manifestations.
Lundi, M. Obama a promis une aide de 263 millions de dollars aux organismes d'application de la loi. De ce montant, 75 millions de dollars seront utilisés pour acheter jusqu'à 50.000 caméras miniatures que les départements de police à l'échelle nationale utiliseront pour garder des traces de leurs interactions avec le public.
M. Obama a indiqué qu'il formerait une équipe de travail destinée à améliorer les pratiques de la police communautaire et à établir un climat de confiance entre les policiers et leurs communautés.
Il a également affirmé qu'il envisagerait d'imposer un contrôle plus strict sur la prolifération d'armes et d'équipements de style militaire fournis à la police.
Les leaders des manifestations ont mentionné mardi que la rencontre avec M. Obama était un signe que leurs manifestations apportait des fruits, mais ils espèrent encore voir des progrès notables dans plusieurs domaines.
Par ailleurs, des résidents de Ferguson ont déclaré avoir été illégalement arrêtés cette semaine, et qu'ils cherchaient seulement à rentrer à la maison lorsqu'ils ont été appréhendés et emmenés en prison, selon un reportage de Reuters.
Ces accusations sont survenues dans le cadre d'une enquête du procureur général Eric Holder sur des abus potentiels de droits civiques par la police de Ferguson lors des manifestations qui ont éclaté en été à l'issue du meurtre de M. Brown.
La police du comté de Saint-Louis, la force qui a effectué les arrestations, n'a pas émis de commentaires sur les cas individuels.
Matthew Horace, un ancien officier de la police de Virginie, a affirmé qu'il n'était pas hors du commun que d'innocents passants soient appréhendés par des policiers tentant de calmer les manifestants, a rapporté Reuters.
Des avocats spécialistes des droits civils ont déposé une poursuite de 42 millions de dollars au tribunal fédéral du Missouri en août, sous le prétexte que la police du comté de Saint-Louis a procédé à plusieurs arrestations illégales lors des manifestations ayant fait suite au décès de M. Brown.
Il y a eu plus de 120 arrestations à Ferguson dans les cinq jours ayant suivi l'annonce du grand jury. Alors que les manifestations de jour se poursuivent, les manifestations de nuit se sont calmées.
Le gouverneur du Missouri Jay Nixon a affirmé mardi que les troupes de la Garde nationale postées dans la région de Saint-Louis ont été réduites d'environ 2.200 à environ 1.200.
La police mène également une enquête sur le beau-père de M. Brown, Louis Head, qui aurait lancé des commentaires désobligeants dans les rues de Ferguson, dans le cadre d'une enquête plus large sur les incendies volontaires, le vandalisme et le pillage ayant fait suite à l'annonce du grand jury, a indiqué le porte-parole de la police du comté de Saint-Louis, Brian Schellman.