Les autorités israéliennes ont décidé de bloquer l'équivalent de 128 millions de dollars de recettes fiscales qu'il collecte au nom de l'Autorité palestinienne en représailles suite à la demande palestinienne d'adhérer à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, a confirmé à Xinhua un responsable israélien.
Ce dernier a indiqué que les officiels israéliens avaient décidé cette mesure à l'issue d'une réunion tenue jeudi pour discuter de la réaction d'Israël en réponse à l'initiative prise mercredi par l'Autorité palestinienne.
L'argent collecté pour le mois de décembre devait être versé vendredi à l'Autorité palestinienne, mais les autorités israéliennes ont décidé de bloquer le transfert du fait de l'évolution de la situation diplomatique.
Conformément aux accords d'Oslo de 1993 entre Israël et l'Autorité palestinienne, Israël collecte l'impôt pour les Palestiniens puis transfère l'argent au ministère palestinien des Finances.
En avril, Israël avait annoncé qu'il gèlerait certains des revenus fiscaux de l'Autorité palestinienne en réponse à l'établissement du gouvernement palestinien d'union nationale avec le Hamas, groupe contre lequel Israël est entré en guerre l'été dernier pendant deux mois.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a demandé mercredi l'adhésion au Statut de Rome, qui définit les attributions du tribunal de la CPI à La Haye.
L'adhésion à la CPI permettra aux Palestiniens de porter plainte contre des Israéliens, aussi bien hommes politiques que militaires, pour violation du droit international ou crimes de guerre et crimes contre l'humanité à l'encontre des Palestiniens.
L'initiative intervient au lendemain du rejet d'une résolution de l'Autorité palestinienne devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Le projet de résolution ordonnait à Israël de se retirer avant la fin de 2017 des territoires occupés et annexés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est suite à la guerre des Six Jours de 1967, afin d'établir un Etat palestinien.
L'Autorité palestinienne a pris plusieurs initiatives diplomatiques ces derniers mois suite à l'échec des négociations de paix avec Israël en avril dernier, négociations de neuf mois sous médiation américaine pendant lesquelles les Palestiniens ont accusé Israël d'obstruction, de demandes sécuritaires exorbitantes et d'expansion des implantations.
Israël a de son côté fermement critiqué les initiatives de l'Autorité palestinienne. Les officiels israéliens ont répété que des négociations, plutôt que des initiatives unilatérales, étaient la seule manière de mettre fin au conflit israélo-palestinien, et ont qualifié les initiatives diplomatiques d'"attaques" contre Israël.
La critique internationale d'Israël est en augmentation exponentielle ces derniers mois, dans un contexte de guerre à Gaza l'été dernier, d'expansion continue des implantations et de gel diplomatique avec les Palestiniens.
La détérioration de la situation sécuritaire en Israël ces derniers mois a conduit de plus en plus de pays à appeler à la fin du statu quo et à la reprise des négociations.
Plusieurs Etats occidentaux, parmi lesquels la Suède, la France, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Irlande, ont exprimé ces derniers mois leur soutien pour l'existence d'un Etat palestinien aux côtés de celui d'Israël. Israël a subi plusieurs offensives diplomatiques de la part de différentes institutions de l'Union européenne et a contre-attaqué en les qualifiant d'hypocrisie.