Si la communauté internationale semble résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme, il n'en demeure pas moins que ce phénomène reste méconnu et ses racines mal étudiées.
Avant le 11 septembre 2001, le mouvement d'al-Qaïda n'était composé que de quelques centaines de combattants engagés en Afghanistan, mais il compte aujourd'hui plusieurs milliers de combattants, des foules fanatisés, et possède des ramifications sur tous les continents, pour devenir une réelle "organisation plurielle", a rappelé Mohamed Mahmoud Aboulmaali, directeur de Nouakchott Info et spécialiste du dossier islamiste, dans une récente interview accordée à l'agence Xinhua.
Il faut que le monde réfléchisse sur les racines de ce fléau, qui ne cesse de prendre de l'ampleur et de développer ses modes d'action, conduisant à la partition d'Etats et menaçant la paix de la planète, a indiqué cet expert.
"Les causes principales de la violence terroriste en Afrique sont d'ordres économique, social, religieux, civilisationnel et idéologique", a fait savoir M. Aboulmaali, avant d'ajouter que la grande pauvreté sévissant notamment dans la Corne de l'Afrique a engendré ce qui est appelé aujourd'hui "la criminalité économique armée".
Pour sortir de la misère, les jeunes se mettent à prendre les armes pour détourner des navires ou prendre en otage des ressortissants occidentaux afin d'en tirer un bénéfice. Les Occidentaux sont les premiers à être pris pour cible, car nombre d'Africains, dont la mémoire sur la colonisation reste toujours vive, nourrissent encore un ressentiment à l'égard des anciennes puissances coloniales, a relevé cet expert.
Aux yeux de la jeunesse fanatisée, ces puissances continuent, à travers "leurs agents locaux", à perpétuer les méfaits de la colonisation, notamment l'assujettissement économique et la dictature, et à faire subir aux populations les affres de la pauvreté et de l'ignorance, a-t-il noté.
En outre, les jeunes en veulent également à leurs gouvernements qui, selon eux, centralisent tout, y compris la richesse, de manière à laisser les populations des régions lointaines se débattre dans la pauvreté, a poursuivi M. Aboulmaali.
Pour venir à bout de ce fléau, auquel l'Union africaine (UA) manque encore de ressources pour faire face, M. Aboulmaali a appelé à une approche globale qui doit comprendre le dialogue avec les jeunes et la lutte contre la pauvreté et l'injustice.
La communauté internationale se doit de travailler à stopper les injustices, éviter la marginalisation des populations et la centralisation du pouvoir, assurer le partage équitable des richesses, et assurer
l'égalité des chances, a-t-il martelé.
Quant aux puissances mondiales, elles doivent surtout rester à l'écart de toute forme de confrontation entre les civilisations, terreau de la propagande terroriste par lequel elle s'est souvent arrogée le soutien des populations, comme l'illustre le cas du Mali, a-t-il fait remarquer.
Avec la dernière exécution des otages japonais par "Daech" (acronyme de l'Etat islamique), il semble que l'on se dirige vers une implication de la civilisation orientale dans le dilemme du terrorisme, même si le mouvement d'al-Qaïda avait auparavant refusé d'aller en ce sens, prenant notamment pour ennemi la civilisation occidentale, a conclu cet expert.