Ils croyaient sans doute être originaux, mais ils avaient oublié que le Myanmar est un pays profondément bouddhiste –plus de 80% de la population- et cela leur a coûté cher : un Néo-Zélandais et ses deux collègues birmans ont été condamné mardi à deux ans et demi de prison avec travaux forcés pour insulte à la religion après avoir utilisé une image de Bouddha pour faire la publicité de leur bar. D'après le juge, Philip Blackwood a « intentionnellement voulu insulter les croyances religieuses » avec une image publiée sur Facebook représentant Bouddha avec des écouteurs.
Dans ce pays en proie à une montée du nationalisme bouddhiste, la diffusion de cette publicité n'a pas été du goût de tout le monde, loin s'en faut, et elle avait déclenché de vives réactions sur les réseaux sociaux. Les trois hommes, emprisonnés depuis le mois de décembre dans une prison de Yangon (Rangoon), ont été condamnés à deux ans de prison pour insulte à la religion et à six autres mois pour trouble à l'ordre public. Le juge a précisé que les condamnés peuvent faire appel du jugement. Philip Blackwood, gérant du bar, n'a fait aucun commentaire après la décision avant d'être embarqué à l'arrière d'un camion au milieu d'une mêlée de caméras.
Lors des différentes audiences, les trois hommes ont toujours nié avoir voulu insulter la religion. Ils avaient été arrêtés après une plainte d'un responsable du département des affaires religieuses, incarcérés et leur établissement, le V Gastro bar, fermé. Soutenu par des moines extrémistes, ce mouvement appelle notamment au boycott des entreprises musulmanes pour « protéger » le bouddhisme.
Conformément à la loi sur la religion, toute personne qui tente d'insulter, détruire ou endommager n'importe quelle religion peut être puni d'un maximum de deux ans de prison, avec une autre peine de deux ans pour ceux qui insultent la religion par écrit. Le Myanmar a également été secoué depuis 2012 par une série de violences entre bouddhistes radicaux et musulmans qui ont fait au moins 250 morts et des dizaines de milliers de déplacés, en majorité des musulmans.