Le Prince Mohammed bin Nayef, aujourd'hui héritier du trône saoudien. |
Dans un spectaculaire remaniement des dirigeants de l'Arabie saoudite, le roi Salman a évincé son propre prince héritier de la succession et a fait de son fils -qui est encore âgé d'une quarantaine d'années- le deuxième en ligne pour le trône. Ces changements interviennent à un moment de crise régionale sans précédent, alors que l'Arabie saoudite navigue tant bien que mal dans l'après-« printemps arabe » et s'est affranchie de décennies de politiques en sous-main en lançant une campagne militaire au Yémen.
Le nouveau prince héritier est le Ministre de l'intérieur du pays, le prince Mohammed ben Nayef, qui a pendant de nombreuses années été chargé de la lutte contre le terrorisme dans le royaume et fut même la cible d'une tentative d'assassinat d'Al-Qaïda en 2009. Son père, le prince Nayef, était le propre frère de l'actuel roi. Le Roi Salman est l'un des sept frères de la famille royale dont le père était le Roi Abdulaziz, le fondateur de l'Etat moderne, et dont la mère était Hassa bint Ahmed al-Sudairi.
Son prédécesseur le roi Abdallah, qui est décédé le 23 Janvier, et le prince héritier aujourd'hui évincé, Muqrin, étaient fils de différentes épouses du Roi Abdulaziz. Cette nouvelle décision renforce ainsi la position de ce qu'on appelle les « Sept de Sudairi » et de leurs descendants en marginalisant les autres branches de la famille royale. Le roi Abdallah avait une réputation de réformateur social, mais la faction des Sudairi a plutôt une réputation de conservateurs sociaux et politiques et de faucons en politique étrangère.
Le Roi Salman a également remplacé le Ministre vétéran des affaires étrangères, le prince Saud al-Faisal, qui occupait ce poste depuis octobre 1975, avec l'ambassadeur du royaume à Washington Adel al-Jubeir, le premier de sang non royal à occuper le poste. Dans un décret publié par les médias d'Etat, le Roi Salman dit que la décision de remplacer le Prince Muqrin et de faire de son propre fils le prince adjoint de la Couronne avait été approuvée par une majorité du Conseil d'allégeance de la famille.