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Le sommet USA-CCG se termine sur fond d'inquiétudes quant à une course aux armements au Moyen-Orient (ANALYSE)

( Source: Xinhua )

17.05.2015 09h46

Un sommet majeur entre les Etats-Unis et les pays du Golfe s'est terminé jeudi avec des promesse pour renforcer la coopération de sécurité. Pourtant, cette rencontre était en deçà des attentes des pays du Golfe, qui, inquiets de l'ascension de l'Iran et d'une possible course aux armements au Moyen-Orient, espéraient la réalisation d'un traité formel de défense.

Le sommet, organisé à Camp David, représente les premières discussions du genre depuis longtemps entre les Etats-Unis et le Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont les pays membres sont l'Arabie saoudite, Bahreïn, Oman, le Koweït, les Emirats arabes unis et le Qatar. C'est également la première fois que les deux parties organisent ce genre de rencontres depuis que les Etats-Unis ont établi un accord-cadre pour restreindre le programme nucléaire de l'Iran.

Des critiques sont apparues, arguant que les Etats-Unis sont trop mous face à l'Iran, et les pays du Golfe craignent que la République islamique obtienne des armes nucléaires en dépit d'un accord visant à éviter cela, bien que Téhéran affirme que son programme nucléaire est pacifique.

POINT DE VUE INDEPENDANT SUR LA DEFENSE

Les pays du CCG s'inquiètent que l'administration du président américain Barack Obama n'a pas prêté assez d'attention au Moyen-Orient, menant certains pays du Golfe à prendre un point de vue plus indépendante à l'égard de leur propre défense.

En effet, l'Arabie saoudite a fait voeu d'atteindre le niveau de capacité nucléaire qu'elle suppose que l'Iran possède. Un article récent du New York Times a cité l'ancien chef saoudien des renseignements, le prince Turki bin Faisal, indiquant que "Peu importe ce que possèdent les Iraniens, nous l'aurons aussi".

Des experts ont fait savoir que les Saoudiens prendront une position plus indépendante concernant leur propre défense.

"Les pays du Golfe prendront une attitude plus indépendante sur leur défense, avec par exemple, l'acquisition de la technologie nucléaire", a confié à Xinhua Simon Henderson, directeur du Programme nucléaire du Golfe et de la politique énergétique du Washington Institute.

D'autres experts ont indiqué que les dirigeants du Moyen-Orient pensent que M. Obama se retire de la région autant que possible. James Phillips, expert du Moyen-Orient de la Fondation de l'héritage, a fait savoir que cela rend nerveux les alliés arabes, qui s'inquiètent déjà à propos de l'Iran.

"L'Arabie saoudite et d'autres pays du CCG ont en contrepartie amélioré leurs relations avec la France, et il est fort probable qu'ils vont vouloir se rapprocher de la Russie et de la Chine pour faire face à l'Iran", a-t-il précisé

En effet, le New York Times a rapporté mercredi que la France est en train de combler l'écart entre les Etats-Unis et les nations du Golfe, notant que le président français François Hollande a récemment supervisé la signature d'un traité de sept milliards de dollars pour vendre des hélicoptères de combat au Qatar.

Alors que les nations du Golfe n'ont pas obtenu le pacte militaire qu'elles espéraient, M. Obama a utilisé jeudi un langage ferme pour rassurer les dirigeants et responsables du Golfe, indiquant que les Etats-Unis seront là en cas de besoin.

"Les Etats-Unis seront aux côtés de nos partenaires du CCG pour lutter contre les attaques extérieures et renforceront et élargiront la coopération qui existe entre nous", a-t-il déclaré.

Les Etats-Unis sont prêts à travailler avec les pays du Golfe pour "déterminer de toute urgence quelles mesures pourraient être appropriées, en utilisant les moyens à disposition collective, y compris l'usage potentiel de la force militaire" pour la défense des pays du Golfe, a fait savoir M. Obama lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet avec les dirigeants du Golfe à Camp David.

De plus, la Maison Blanche a déclaré jeudi qu'elle était prête à discuter de la possibilité d'accorder le statut d'"allié majeur non-OTAN" aux pays du Golfe, bien que cela ne soit pas le sujet principal des négociations de jeudi, a fait savoir Ben Rhodes, conseiller adjoint à la sécurité nationale du président Obama, lors d'une conférence de presse.

Wayne White, ancien vice-directeur du Bureau des renseignements sur le Moyen-Orient du département d'Etat américain, a fait savoir que le Koweït avait été désigné comme "allié majeur non-OTAN" par l'ancien président américain George W. Bush pour son soutien durant la guerre en Irak.

Ce statut implique un partenariat plus étroit avec les Etats-Unis, avec une série de privilèges tels qu'une coopération dans la recherche et le développement, une formation réciproque, et la possession des missiles et des munitions des "Réserves de guerre" du Département américain de la Défense.

Malgré le fait que ce ne soit pas un pacte de défense mutuel officiel, offrir ce statut aurait une valeur considérable, réitérant l'engagement des Etats-Unis pour le bien-être des pays du CCG. Bien que cela ne soit pas une sorte de "panneau stop" définitif, il transmet aussi un message ressemblant à "agir avec prudence" à ceux qui posent d'éventuelles menaces, a indiqué la Maison Blanche.

ABSENCE DE DIRIGEANTS CLES DU CCG

Cependant, les conversations ont été quelque peu assombries par l'absence de plusieurs dirigeants clés alors que l'on parle d'un désaccord sur la gestion des relations des Etats-Unis avec l'Iran. Exceptés les chefs d'Etat du Koweït et du Qatar, quatre autres dirigeants de pays membres du CCG ont décliné l'invitation des Etats-Unis.

Le roi d'Arabie saoudite, le roi Salmane, chef d'Etat crucial dans la région, a même décidé de sauter le sommet à la dernière heure et a envoyé le prince héritier Mohammed ben Nayef et le prince Mohammed ben Salmane au sommet à sa place.

Bahreïn, allié régional important qui accueille la cinquième flotte de la marine américaine, a annoncé dimanche que le prince héritier du pays dirigerait sa délégation, au lieu du roi. Le sultan d'Oman, qui sert d'intermédiaire entre les Etats-Unis et l'Iran, n'a pas non plus participé au sommet, envoyant son Premier ministre adjoint. Le sultan est récemment rentré à Oman après avoir reçu des soins médicaux.

Selon des spécialistes américains, les pays du Golfe sont clairement inquiets de la manière dont le gouvernement de Barack Obama gère les négociations nucléaires avec l'Iran.

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