Des clandestins arrêtés par les autorités libyennes à Tripoli, le 17 mai. |
L'Union Européenne a donné son feu vert lundi à une mission navale destinée à cibler les gangs de trafic de migrants en provenance de Libye, qui fait également partie d'un plan plus large pour faire face à l'afflux de demandeurs d'asile qui divise le bloc des 28 sur le problème des quotas d'accueil nationaux.
A la suite de plusieurs centaines de morts en mer, dont la tragique noyade de près de 900 personnes sur un seul navire le mois dernier en Méditerranée, les gouvernements européens ont été poussés à trouver une réponse plus ferme, mais au-delà d'un financement plus important pour les opérations de sauvetage, l'UE est divisée sur la façon d'agir face à l'hostilité croissante des opinions à l'accueil de nouveaux migrants.
« C'est juste un début. Maintenant, la mise en chantier commence », a déclaré Federica Mogherini, responsable de la politique étrangère de l'UE de la mission navale, ajoutant que l'opération pourrait commencer le mois prochain. Néanmoins, les détails restent flous, les Etats membres réfléchissant chacun à leurs options. « Il y a un clair sentiment d'urgence », a déclaré Mme Mogherini à propos des migrants, dont la plupart arrivent dans son Italie natale. « Comme l'été arrive, plus de gens se déplacent ».
L'Union Européenne veut capturer les passeurs et détruire leurs bateaux au large des côtes libyennes pour aider ce pays à lutter contre le nombre croissant de migrants qui fuient la guerre et la pauvreté en Afrique et au Moyen-Orient. Mais elle veut l'autorisation de l'ONU pour opérer près des côtes d'un pays plongé dans l'anarchie depuis que les puissances occidentales ont soutenu la révolte qui a renversé Mouammar Kadhafi en 2011. De son côté, le Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a exhorté l'Europe à agir, disant que des militants de l'Etat Islamique pourraient « tenter également de se cacher, de se fondre dans parmi les migrants », afin de se rendre en Europe.
Quelques 51 000 migrants sont arrivés en Europe en traversant la Méditerranée cette année, dont 30 500 via l'Italie. D'après l'agence des réfugiés des Nations Unies, près de 1 800 se sont noyés dans leur tentative. Lors d'un sommet d'urgence à Bruxelles le mois dernier, les dirigeants de l'Union Européenne se sont mis d'accord pour « identifier, capturer et détruire les navires avant qu'ils ne soient utilisés par des trafiquants ». Mme Mogherini s'est envolée pour New York ce mois-ci afin de rechercher un soutien en faveur d'un projet de résolution soutenu par la Grande-Bretagne, la France, la Lituanie et l'Espagne en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations Unies, qui permet l'utilisation de la force pour rétablir la paix et la sécurité internationales. Sans autorisation de l'ONU, la mission navale de l'UE, qui sera basée à Rome, n'aura pas mandat pour intervenir dans les eaux territoriales libyennes et saisir les navires.