"Je crois que le débat que nous avons aujourd'hui dans cet hémicycle aurait dû avoir lieu bien plus tôt. Pendant cinq mois, les négociations sur l'avenir de la Grèce se sont déroulées derrière des portes closes. Le Parlement européen, instrument de la démocratie par excellence, doit jouer un rôle plus actif", a déclaré mercredi le Premier ministre grec Alexis Tspiras qui s'exprimait pour la première fois devant les parlementaires réunis en session plénière à Strasbourg.
Au lendemain de deux réunions d'urgence à Bruxelles, consécutives à la victoire du "non" lors du référendum grec, le Premier ministre grec a donné un tour politique à la question grecque tout en jouant l'apaisement.
"Jusqu'ici nous avions l'obligation de discuter avec trois institutions dont les positions étaient parfois distinctes et conflictuelles. En toute franchise, si le débat avait lieu exclusivement entre la partie grecque et la Commission européenne, nous n'en serions pas là aujourd'hui", a-t-il ajouté lors du débat.
"Je n'ai aucun dessein caché qui consisterait à faire sortir la Grèce de la zone euro. La Grèce a été le champ d'expérimentation de l'austérité. Il faut voir la réalité en face : cela a échoué. L'Europe sera démocratique ou alors elle aura beaucoup de mal à survivre aux heures difficiles que nous traversons", a insisté M. Tspiras.
"Ce que l'on a coutume d'appeler la crise grecque est en fait une crise européenne relative à notre incapacité à trouver une solution à la dette. Nous voulons trouver un compromis honorable. Nous sommes tous conscients des enjeux et sommes tous prêts à prendre nos responsabilités historiques. Mais nous voulons un programme soutenable pour justement être en mesure de rembourser la dette et ne pas être obligés d'emprunter sans cesse", a argumenté le Premier ministre.
"Le gouvernement grec est entré en fonction il y a 5 mois et demi; les plans de sauvetage, eux, ont commencé il y a 5 ans. Les responsabilités de la situation actuelle ne trouvent pas leur source dans ces 5 deniers mois", a-t-il défendu. "Nous avons déposé un texte de 47 pages, fruit d'un difficile processus de négociations. Et pourtant une image a été créée, selon laquelle la Grèce n'avait pas fait de propositions. Nous avons présenté une demande au mécanisme européen de solidarité et nous allons préciser nos propositions dans les deux jours à venir. Mais notre proposition doit aussi aboutir à un engagement à trouver une solution durable à la dette", a poursuivi M. Tsipras.
Le Premier ministre a insisté dans son discours à plusieurs reprises sur la nécessité de "trouver une solution dans l'intérêt de la Grèce mais aussi dans l'intérêt de l'Europe". Il a également soulevé la question de la dette allemande en affirmant que "le plus grand moment de solidarité européenne fut la conférence de Londres en 1953 quand les pays européens ont décidé d'annuler 60% de la dette allemande".
"Lutter contre le règne des oligarchies et des cartels, contre la fraude et l'évasion fiscale, moderniser l'Etat sont pour nous des priorités. Pour cela, nous avons besoin du soutien de nos partenaires européens", a-t-il conclu.