"Oui au nucléaire civil pour l'Iran, non à l'arme nucléaire", voici ce qu'a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, dans un entretien exclusif au quotidien Le Monde suite à l'accord conclu ce mardi à Vienne entre l'Iran et les Etats du P5 + 1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne) concernant le programme nucléaire iranien.
Cet accord assure "le caractère exclusivement pacifique du nucléaire iranien" et s'il est respecté, il permettra "une normalisation des rapports internationaux de l'Iran", selon Laurent Fabius, qui a souligné le caractère "historique" de l'aboutissement de douze années de controverses et de discussions.
"Si un des Etats du P5 + 1 estime que l'Iran ne remplit pas ses obligations et que celui-ci ne fournit pas d'explication crédible, cet Etat pourra provoquer un vote du Conseil de sécurité sur un projet de résolution réaffirmant la levée des sanctions de l'ONU ; en opposant son propre veto, il obtiendra alors à coup sûr le rétablissement des sanctions", a-t-il indiqué.
Le chef de la diplomatie française a également annoncé le maintien de l'embargo en vigueur sur les armes lourdes durant cinq ans et des interdictions de transferts dans le domaine balistique pour huit ans : "il serait contradictoire que la conséquence immédiate de cet accord soit de lever les contraintes pesant sur l'Iran dans le domaine des armes et des missiles".
L'accord prévoit que les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) puissent se rendre sur les sites nucléaires en Iran, comme l'a confirmé Laurent Fabius : "L'accès à tous les sites sera possible, y compris le site de Parchin, non pas pour essayer de percer des secrets militaires mais pour vérifier s'il y a eu ou non activité nucléaire répréhensible".
Enfin, interrogé sur l'éventuel impact du récent rapprochement entre la France et l'Arabie saoudite sur les échanges marchands franco-iraniens, Laurent Fabius s'est montré confiant : "la compétition économique en Iran sera certainement rude, parce que tout le monde est sur les rangs. Mais n'oubliez pas que nos entreprises ont longtemps travaillé avec et dans ce pays, qu'elles sont excellentes dans plusieurs secteurs, et qu'elles auront des atouts à faire valoir".