La ville de Suruc pendant l’attaque. |
Un attentat suicide dont l'État Islamique pourrait être responsable a tué au moins 31 personnes lundi dans une ville turque proche de la frontière syrienne ; il visait un centre culturel turc où des militants étaient rassemblés pour se préparer à une mission d'aide a la ville syrienne voisine de Kobane. L'explosion a dévasté le centre de Suruc -une ville située juste à proximité de Kobane, qui a été elle-même plus tard frappée par un attentat suicide à la voiture- et soufflé les fenêtres et déclenché un incendie, ont indiqué des témoins.
La plupart des morts étaient des étudiants universitaires qui avaient l'intention de se rendre en Syrie pour aider à reconstruire Kobane, qui a été occupée par l'Etat islamique pendant des mois avant d'être reprise par les forces kurdes en janvier. En plus des personnes tuées, environ 100 autres ont été blessées par l'explosion. Le Président Recep Tayyip Erdogan, en visite dans la partie Nord de Chypre, a condamné l'attaque comme étant un « acte de terrorisme ». « Au nom de mon peuple, je maudis et condamne les auteurs de cette brutalité », a-t-il dit. « La terreur doit être condamnée, peu importe d'où elle vient ».
La télévision a montré des images de plusieurs personnes gisant sur le sol couvert de sang et des ambulances se précipitant sur les lieux. Le Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a pointé du doigt ce qu'il a dit être « clairement une attaque terroriste » de l'Etat Islamique. « Les résultats préliminaires indiquent que c'est un attentat-suicide mené par Daesh », a déclaré M. Davutoglu à Ankara, utilisant l'acronyme arabe désignant l'organisation terroriste. « Mais nous ne sommes pas arrivés au point de rendre un jugement définitif ». Si elle est confirmée, ce serait la première attaque par l'Etat Islamique contre la Turquie, une puissance militaire régionale et membre de l'OTAN.
Alp Altinörs, du parti pro-kurde HDP, a déclaré que le groupe d'environ 300 militants qui s'étaient réunis à Suruc et venus de partout dans le pays faisaient partie de la Fédération des associations de jeunes socialistes et que la plupart étaient des étudiants. « Ils avaient l'intention de construire des parcs à Kobane, de distribuer des jouets aux enfants et de peindre les murs de l'école », a-t-il déclaré à l'AFP. Selon M. Davutoglu, l'explosion visait à saper la démocratie turque. « Cette attaque nous cible tous », a-t-il dit, après avoir envoyé trois ministres dans cette région du Sud-est. « Daesh menace non seulement le peuple syrien mais aussi la Turquie », a-t-il ajouté.