Migration : la police allemande intensifie ses contrôles à sa frontière avec la France

La police allemande a intensifié ses contrôles à la frontière avec la France et procédé depuis lundi à l'interpellation de 170 migrants, en majorité des Syriens et des Afghans, soit dix fois plus qu'en temps normal.

A Kehl, ville allemande à quelques encablures de Strasbourg, et dans tout le Land (région) du Bade-Wurtemberg frontalier avec l'Alsace, la police fédérale des frontières allemande a renforcé la surveillance de manière significative.

"Depuis lundi, 170 interpellations, en majorité des Syriens et des Afghans, ont eu lieu", a déclaré le porte-parole de la police fédérale des frontières, Steffen Zaiser, interrogé par Xinhua. "Entre le mois de janvier et d'août, nous avons interpellé 1.214 personnes", soit une moyenne de cinq par jour environ, a-t-il précisé.

En comparaison, le nombre d'arrestations effectuées depuis lundi a été multiplié par plus de dix.

Les effectifs engagés pour ces opérations "n'ont pas été augmentés de façon notable", a affirmé le porte-parole de la police fédérale.

"Nous contrôlons si les personnes arrêtées ont fait une demande d'asile en Allemagne. Dans ce cas, elles sont conduites au centre d'immigration de Karlsruhe (80 kilomètres de Strasbourg). Si elles ont fait une demande dans un autre pays, elles sont renvoyés dans le pays en question. S'ils n'ont aucun document, elles sont refoulées", a-t-il expliqué.

Steffen Zaiser a par ailleurs précisé que "les contrôles sont ponctuels à des points de passage choisis mais aussi dans une zone de 30 kilomètres à partir des frontières allemandes avec les pays voisins" comme l'autorise le code des frontières prévu dans les Accords de Schengen.

"Si des individus tentent de passer outre les contrôles, la police allemande est autorisée à les poursuivre mais doit en informer ses homologues français ou suisses", précise encore le représentant de la police allemande, qui rappelle que la coopération avec les autorités françaises et suisses existe de longue date.

Côté français, il n'a pas été enregistré davantage de reconduites à la frontière. "L'essentiel des flux migratoires vient de l'est de l'Europe et les migrants préfèrent déposer leur demande d'asile en Allemagne", rappelle une source française autorisée qui souligne que "la pression migratoire sur la frontière franco-allemande est sans commune mesure avec celle qui s'observe en Autriche et en Hongrie".

Le Premier ministre français Manuel Vals a déclaré mercredi, lors du débat à l'Assemblée nationale sur l'accueil des réfugiés, que la France n'"hésitera pas" à rétablir temporairement le contrôle aux frontières.

Il a également annoncé la création de 900 postes supplémentaires dans les forces de l'ordre, notamment pour la police aux frontières, dans le cadre de la lutte contre l'immigration irrégulière.

Ces effectifs supplémentaires coûteront 40 millions d'euros, selon l'entourage du chef du gouvernement français.