Dernière mise à jour à 08h42 le 10/10
La chancelière allemande Angela Merkel pourrait avoir à relever un défi constitutionnel car vendredi, à l'issue d'un conseil des ministres, le gouvernement régional bavarois a brandi la menace de porter plainte devant la Cour constitutionnelle fédérale si aucune mesure n'est prise pour réduire le flux des réfugiés.
"Si le gouvernement fédéral ne prend pas rapidement des mesures pour réduire le nouvel afflux de demandeurs d'asile et compromet ainsi la capacité juridique nationale des États, la Bavière se réserve le droit d'utiliser les procédures juridiques devant la Cour constitutionnelle fédérale'', a déclaré le gouvernement bavarois dans un communiqué de presse.
Le gouvernement bavarois a exigé de pouvoir refuser les réfugiés directement à la frontière allemande si les autres États de l'Union européenne ne respectent pas leurs engagements européens et n'accueillent pas de réfugiés arrivant sur leurs territoires.
Par ailleurs, le Premier ministre de Bavière, Horst Seehofer, a annoncé la loi bavaroise sur l'intégration qui scelle le cadre et les objectifs de la politique d'intégration bavaroise.
M. Seehofer a souligné que ce texte fixe les principes et valeurs communes de coexistence.
Le même jour, à Berlin, le parti eurosceptique Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est également élevé contre la politique du gouvernement allemand en matière de réfugiés et a annoncé vouloir déposer plainte contre la chancelière dans le contexte de la politique d'asile.
S'exprimant sur la décision du gouvernement allemand, prise au début du mois de septembre, d'autoriser des milliers de réfugiés qui étaient bloqués en Hongrie à se rendre en Allemagne, le vice-président de l'AfD Alexander Gauland a dit à Berlin: "Mme Merkel s'est comportée comme un passeur''.
Parallèlement, le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel et le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier ont appelé à une limitation de l'immigration en Allemagne.
"Nous ne pouvons pas, en permanence, accueillir et intégrer plus d'un million de réfugiés par an'', ont-ils conjointement écrit vendredi dans le magazine d'information allemand Spiegel.
En dépit de "l'aide sans précédent'' apportée par les Allemands, ''nous devons faire de notre mieux pour qu'en Allemagne, les chiffres de l'immigration recommencent à baisser''.
MM. Gabriel et Steinmeier ont donc fixé pour la première fois une limite au nombre de réfugiés, en contradiction avec ce que Mme Merkel a toujours déclaré : ''Pour les personnes persécutées pour des raisons politiques, le droit fondamental d'asile ne connaît pas de limite''.
Le nombre de réfugiés ne cessant d'augmenter, le gouvernement allemand fait l'objet de pressions croissantes. Mme Merkel n'a probablement jamais été autant critiquée qu'elle l'est aujourd'hui pour son attitude résolument positive dans le débat sur l'immigration, selon les médias allemands.
Suite à l'arrivée de 200 000 demandeurs d'asile en Allemagne au mois de septembre, l'afflux de réfugiés angoisse les Allemands. Plusieurs sondages d'opinion ont récemment montré que Mme Merkel avait perdu sa popularité.