Dernière mise à jour à 09h25 le 04/02
Le Parlement européen (PE), réuni en session plénière à Strasbourg, a affiché mercredi un large soutien au maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne (UE), au lendemain de l'annonce d'un compromis trouvé entre Bruxelles et Londres.
Lors d'un long débat, une large majorité des eurodéputés ont fermement exprimé leur souhait que le Royaume-Uni reste un membre de l'UE à l'issue du référendum que le Premier Ministre britannique David Cameron a promis d'organiser sur cette question dans son pays.
De façon prévisible, le large consensus de l'hémicycle strasbourgeois a été battu en brèche par les eurosceptiques, a fortiori dans les rangs du parti indépendantiste du Britannique Nigel Farage, et dans ceux de l'extrême droite du Groupe des Nations et des Libertés conduit par la Française Marine Le Pen.
"Il est d'une importance capitale que nous puissions continuer à mener un dialogue constructif afin de mieux faire fonctionner l'UE, à la fois pour le Royaume-Uni et pour tous les autres États membres", a déclaré, à l'adresse des parlementaires, le Ministre néerlandais des Affaires étrangères Bert Koenders, qui représente le Conseil européen.
Le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a de son côté salué les propositions faites, mardi, par le Conseil européen au Premier Ministre britannique. "L'accord proposé est juste pour le Royaume-Uni, juste pour les 27 autres États membres et juste pour le PE", a-t-il affirmé. Avant d'ajouter: "Le Royaume-Uni tire parti des protocoles plus que n'importe quel autre État membre, et se retire aussi des protocoles plus que tous les autres pays" .
Le député conservateur britannique Syed Kamall s'est félicité de l'organisation d'un référendum par son gouvernement. "Nous ne devrions jamais avoir peur de demander aux citoyens ce qu'ils veulent", a-t-il insisté. A ses yeux, le peuple britannique pensait rejoindre un marché unique, alors même que les institutions européennes travaillent à toujours plus d'intégration. "Tant que ce fossé dans les perceptions persistera, le Royaume-Uni continuera de mener une relation ambigüe avec l'Union européenne", a-t-il averti.
Dans une lettre adressée au Président du Conseil Donald Tusk en novembre, le Premier Ministre britannique avait demandé la mise en œuvre de réformes dans les domaines de la gouvernance économique, de la compétitivité, de la souveraineté et de l'immigration. Des questions qui devraient "profiter à l'ensemble des Etats de l'UE", a encore affirmé le député conservateur britannique Syed Kamall.
Selon le député démocrate socialiste italien Gianni Pittella, il est "essentiel pour le Royaume-Uni de rester dans l'UE". "Le Royaume-Uni hors de l'UE est plus faible. Nous devons être en mesure d'énoncer clairement les avantages pour les citoyens britanniques d'un maintien du Royaume-Uni dans l'UE", a-t-il déclaré en soulignant que la crise migratoire et le référendum britannique font peser des "risques de désintégration de l'UE".
Nigel Farage, député britannique du groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe, a critiqué l'accord annoncé mardi par Bruxelles et Londres. A ses yeux, les renégociations de David Cameron ont débuté avec de bonnes intentions, en ce qui concerne notamment une modification des traités et un changement dans les relations entre le Royaume-Uni et l'UE. "Mais ce que nous recevons en retour, c'est une lettre de Monsieur Tusk qui ne mentionne aucun changement des traités, aucun transfert de pouvoir vers le Royaume-Uni, aucun contrôle sur nos frontières: c'est pathétique", a-t-il asséné.
Certains eurodéputés ont insisté sur la menace qu'impliquerait une sortie de l'UE pour le Royaume-Uni lui-même. Les parlementaires nationalistes d'Ecosse, du Pays de Galle et d'Irlande du Nord ont prévenu qu'ils n'accepteraient pas un "Brexit" si une majorité de leurs électeurs votaient pour le maintien du Royaume-Uni dans l'UE.
Au nom du parti nationaliste gallois Cymru, l'eurodéputée Jill Evans a souligné que l'appartenance à l'UE avait bénéficié au Pays de Galles sur les plans économiques, sociaux et culturels. "Il y a beaucoup de choses au sujet de l'UE que je voudrais changer mais nous ne pouvons le faire qu'en travaillant avec nos partenaires européens", a-t-elle dit.
"Mon parti est favorable au maintien du l'UE et je crois qu'une majorité de Gallois le veulent aussi. Dans ce cas, nous ne devrions pas nous voir privés de notre choix démocratique. C'est pourquoi, nous avons appelé au départ de l'UE qu'à la condition que tous les pays du Royaume-Uni soient d'accord", a-t-elle précisé.
Le député nationaliste écossais Alyn Smith a de son côté ajouté qu'"étant donné que nous avons différentes positions en Ecosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord sur la question de l'appartenance à l'UE, ce serait un scandale que ces pays soient exclus de l'UE contre leur choix démocratique".
La député nationale irlandaise Martina Anderson a quant à elle affirmé que l'Irlande du Nord avait toute sa place dans l'UE, ajoutant: "J'espère qu'un vote anglais ne poussera pas l'Irlande du Nord hors de l'UE".