Dernière mise à jour à 08h17 le 01/04
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a jugé jeudi, en l'absence du défendant, que le leader du Parti Radical Serbe, Vojislav Seselj, n'était pas coupable de tous les chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.
"Il n'existe pas de preuve juridique cruciale", a déclaré le président du tribunal, Jean-Claude Antonetti.
M. Seselj, 61 ans, avait été inculpé pour crimes apparemment commis entre le mois d'août 1991 et le mois de septembre 1993 contre la population non-serbe de Croatie, Bosnie-Herzégovine et de la province de Vojvodina en République serbe.
La majorité de la chambre a décidé que l'accusation qui accusait M. Seselj d'avoir prononcé des discours sulfureux incitant aux crimes de guerre, n'avait pas réussi à prouver l'existence d'une fin criminelle.
A une occasion, M. Seselj, devant ses troupes, a déclaré "Aucun Oustachi ne doit quitter Vukovar vivant", en utilisant un terme péjoratif pour appeler les Croates en 1991 dans la ville de l'est de la Croatie, sur le Danube, à la frontière avec la Serbie.
Il n'est pas exclu que ce genre de discours ait été prononcé "dans un contexte de conflit et avait pour but de booster le moral des troupes de son camp", a poursuivi le juge Antonetti.
La majorité de la chambre a également conclu que l'idéal de M. Seselj de créer une "Grande Serbie", incorporant des parties de la Croatie et de la Bosnie, revêtait plus d'une entreprise politique que d'un projet criminel.
"La propagande des idéologies nationalistes n'est pas criminelle", a estimé le juge Antonetti.
M. Seselj a été reconnu non-coupable des crimes contre l'humanité, à savoir de persécution, de déportation et d'acte inhumain de transfert forcé, et de six chefs d'accusation de crimes de guerre, à savoir meurtre, torture et traitement cruel, destruction injustifiée, destruction ou dégât déterminé infligé aux institutions consacrées à la religion ou l'éducation, et pillage de propriétés publiques ou privées.
En février 2003, M. Seselj s'est rendu volontairement au tribunal. Son procès a commencé en novembre 2006 et a recommencé en novembre 2007. Le procès marathon a duré depuis avec la présentation du plaidoyer final en mars 2012.
En novembre 2014, la chambre avait accordé la liberté provisoire à M. Seselj pour des raisons de santé, les autorités serbes ayant avancé que son traitement contre le cancer ne pouvait ni être interrompu ni se poursuivre à la Haye. M. Seselj est ensuite reparti pour Belgrade.