Dernière mise à jour à 08h57 le 11/07
Le sommet du G20 qui vient de s'achever à Hambourg, en Allemagne, a abouti à de meilleurs résultats que prévu. Bien que les négociations n'aient pas toujours été faciles, les résultats sont satisfaisants dans l'ensemble et plusieurs consensus ont été conclus dans un large éventail de questions.
Les membres du G20 ont exprimé à l'unanimité leur soutien à la mondialisation, affichant leur opposition au protectionnisme commercial, s'engageant à ouvrir leurs marchés et décidant d'établir un système commercial international stable permettant de promouvoir les investissements internationaux.
Néanmoins, des différends subsistent.
"On remarque que les désaccords au sujet du commerce et de la lutte contre les changements climatiques, voire même du multilatéralisme, sont fortes au sein du G20", a fait observer Dirk Messner, directeur de l'Institut allemand de développement et co-président de Think 20, un groupe de réflexion sur le G20.
Lors d'une conférence de presse tenue à l'issue du sommet, la chancelière allemande Angela Merkel a avoué que les négociations sur le libre-échange avaient été très difficiles.
Shi Shiwei, professeur à l'Université libre de Berlin, spécialisé dans l'économie et le commerce sino-allemands, a estimé que "parvenir à un consensus sur le libre-échange au sommet de Hambourg était un succès remarquable en ces temps où les Etats-Unis prônent explicitement le protectionnisme commercial et adoptent une politique faisant passer 'l'Amérique d'abord'".
Pourtant, M. Shi a indiqué qu'il n'était pas difficile d'observer des désaccords et des compromis dans différentes parties du communiqué adopté à la fin de la réunion de deux jours.
Concernant le commerce et les investissements, les dirigeants du G20 se sont engagés dans leur communiqué à "reconnaître le rôle des instruments légitimes de défense du commerce à cet égard". Sur ce point, M. Shi indique qu'il s'agit d'un "compromis fait pour le président américain Donald Trump".
En revanche, sur la question de la lutte contre les changements climatiques, les membres du G20 se sont alliés à différents camps et les désaccords étaient difficiles à surmonter.
Le communiqué a rappelé la décision des Etats-Unis de se retirer de l'Accord de Paris tandis que les autres membres du G20 l'ont qualifié d'"irréversible" et ont réaffirmé leur engagement au traité.
Dans un commentaire, le Financial Times a estimé que "le communiqué du G20 ne parvenait pas à dissimuler les tensions avec les Etats-Unis", soulignant qu'en publiant une déclaration conjointe à l'issue des négociations, les pays du G20 ont fait un geste d'unité pour sauver leur face, malgré des divisions profondes sur le commerce et la lutte contre les changements climatiques provoquées par la politique protectionniste de M. Trump.
"'L'effet Trump' deviendra la plus grande incertitude pour la gouvernance mondiale", a estimé M. Shi.
Lors du sommet, le président américain a campé sur sa position fondamentale et n'a pas fait de grandes concessions sur certains sujets tels que la mondialisation et la lutte contre les changements climatiques, a-t-il indiqué.
Bien que M. Trump ait été un peu isolé à Hambourg, la vague anti-mondialisation qui a porté Donald Trump au pouvoir et qui s'étend dans le monde entier ne perd pas de sa vigueur.
Selon les médias allemands, l'obstination du président causera certainement de nouveaux problèmes à la future gouvernance mondiale. Certaines personnes s'inquiètent que l'expression "les instruments légitimes de défense du commerce" incluse dans le communiqué pose une menace potentielle, car certains pays pourraient imposer des mesures punitives sous ce prétexte, par exemple les droits de douane de 20% que le gouvernement de M. Trump souhaite imposer aux importations d'acier.
La gouvernance mondiale est confrontée à des difficultés encore plus grandes, dont la volatilité des marchés financiers, les changements climatiques ainsi que le déséquilibre et l'inégalité du développement, a estimé M. Messner.
Une architecture financière mondiale déraisonnable et l'absence de coordination en matière de gouvernance pourraient provoquer de nombreux risques et défis pour la gouvernance mondiale, a ajouté M. Shi.
Cependant, malgré toutes ces divisions, le G20 continuer de jouer un rôle crucial dans la gouvernance mondiale.
"Le G20 est plus important qu'auparavant et nous devrons le reconstruire", a déclaré M. Messner.
Le groupe représente 80% du PIB mondial, 80% des échanges commerciaux mondiaux et 80% des ressources et de la consommation de la planète. "Si le G20 n'arrive pas à résoudre les problèmes d'importance mondiale, personne ne peut", a déclaré M. Messner, avant d'ajouter : "C'est leur responsabilité".