Dernière mise à jour à 10h44 le 03/09
Selon le gouvernement du Myanmar, le conflit entre les Rohingyas, une minorité musulmane du Myanmar et les autorités du pays s'est aggravé avec l'incendie de plus de 2 600 maisons dans le Nord-ouest, une région majoritairement habitée par ceux-ci. Le gouvernement a accusé l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui prétend défendre cette minorité, d'être responsable des attaques, tandis que les Rohingyas, dont beaucoup se sont enfuis au Bangladesh voisin, soutiennent que c'est l'armée du Myanmar qui a perpétré une série de meurtres et d'incendies criminels visant à les contraindre à quitter le territoire birman.
L'ARSA avait toutefois été l'auteur de plusieurs attaques sur les postes de sécurité la semaine dernière, déclenchant des affrontements entre le groupe et des représailles de l'armée du Myanmar. Selon le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, l'agence des Nations Unies chargée de gérer les crises de réfugiés, 58 600 Rohingya ont fui le Myanmar vers le Bangladesh depuis l'escalade du conflit. Le traitement par le Myanmar des près d'1,1 million de Rohingyas est le plus grand défi auquel fait face la dirigeante Aung San Suu Kyi, accusée par certains critiques occidentaux de ne pas parler de la minorité musulmane qui se plaint depuis longtemps d'être victime de persécutions.
Les affrontements et la répression de l'armée ont coûté la vie à près de 400 personnes, et plus de 11 700 « résidents ethniques » ont été évacués de la région, a par ailleurs déclaré le gouvernement en se référant aux résidents non musulmans. Cet exode marque une escalade dramatique d'un conflit qui couvait depuis octobre de l'année dernière, quand une attaque des Rohingyas sur des postes de sécurité avait provoqué une réaction des militaires, accusés de violations des droits. Près de la rivière Naf qui sépare le Myanmar et le Bangladesh, les nouveaux arrivants au Bangladesh portant leurs affaires dans des sacs ont mis en place des tentes de fortune ou ont essayé de pénétrer dans des abris libres voire des maisons des habitants locaux. « Les camps existants sont à peu près à pleine capacité et le nombre de réfugiés gonfle rapidement. Dans les jours à venir, nous allons avoir besoin de plus d'espace », a déclaré Vivian Tan, porte-parole régionale du HCR, ajoutant que de nouveaux arrivants sont attendus.
Les Rohingyas se voient refuser la citoyenneté au Myanmar et sont considérés comme des immigrés clandestins, malgré des racines qui remontent à plusieurs siècles. Le problème est que le Bangladesh, pourtant un pays très majoritairement musulman, est également de plus en plus hostile aux Rohingyas, dont plus de 400 000 vivent dans ce pays pauvre d'Asie du Sud après avoir fui le Myanmar depuis le début des années 1990. S'adressant aux soldats, le personnel du gouvernement et les bouddhistes de Rakhine touchés par le conflit, le chef de l'armée, Min Aung Hlaing, a déclaré qu'il n'y avait pas d'oppression ni d'intimidation contre la minorité musulmane et que « tout se faisait dans le cadre de la loi ». De nombreux programmes d'aide menés dans le nord de Rakhine avant le déclenchement des violences, y compris l'aide alimentaire de secours fournie par le Programme alimentaire mondial (PAM), ont été suspendus depuis le début des combats.