Dernière mise à jour à 09h07 le 29/11
Un nouveau cycle de pourparlers de paix sur la Syrie, huitième du genre, débute mardi à Genève, sous l'égide des Nations Unies, mais sans la présence de l'un des principaux acteurs, la délégation du gouvernement syrien.
Lors d'une vidéo-conférence avec le Conseil de sécurité de l'ONU lundi à Genève, l'envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a révélé que le gouvernement syrien "n'avait pas encore confirmé sa participation" aux négociations qui doivent commencer mardi. "Nous avons reçu un message nous indiquant que le gouvernement n'allait pas se rendre à Genève aujourd'hui (lundi). Bien évidemment, nous espérons et nous nous attendons à ce que le gouvernement se mette en route très bientôt. Si les deux parties viennent à Genève, nous allons pouvoir mener des discussions de fond", a ajouté l'envoyé spécial de l'ONU.
Heureusement, lors d'un point de presse mardi dans le Palais des Nations à Genève, les journalistes ont appris que la délégation du gouvernement syrien devrait venir à Genève mercredi, un jour de retard pour un nouveau round de négociations comme prévu.
Un début difficile des négociations intersyriennes n'était pas rare pour le dialogue sur la Syrie dans le passé, ce qui s'explique par la complexité du conflit syrien.
Bien que sept séries de discussions se soient tenues à Génève depuis début 2017, peu de progrès ont été obtenus en raison des graves divergences entre les parties rivales de la Syrie.
Après les tractations, les discussions entre les négociateurs syriens ont été axés sur quatre principaux sujets, à savoir : la mise en place d'une gouvernance "crédible, inclusive et non-sectaire"; l'élaboration d'une nouvelle Constitution; la préparation d'élections "sous la supervision des Nations Unies"; ainsi que la question relative à la lutte contre le terrorisme.
Mais jusqu'à présent, les négociations intersyriennes se trouvent dans l'impasse. Les Syriens doivent relever des nouveaux défis pour trouver une solution à la crise de leur pays qui a déjà duré plus de six ans et fait quelque 330.000 morts.
Primo, la principale pierre d'achoppement est le sort réservé au président syrien Bachar al-Assad, dont le départ immédiat est réclamé par de nombreux opposants. Les principaux opposants au rendez-vous à Genève insistaient sur le départ de l'actuel président syrien pour rétablir la paix dans le pays, ce que a été catégoriquement rejeté par la délégation du gouvernement syrien. Grâce aux victoires militaires sur terrain du gouvernement syrien, sa stature n'a été que renforcée tant en Syrie que sur la scène internationale, face à des rebelles affaiblis. Il est donc difficile d'imaginer le départ de Bachar al-Assad dans les circonstances actuelles. Selon des experts, l'opposition serait obligée de revoir à la baisse ses exigences, notamment le départ immédiat de Bachar al-Assad, une concession refusée jusqu'à présent par les opposants.
Secundo, l'opposition syrienne reste relativement fragmentée. Signe de tensions, plusieurs figures du Haut comité des négociations (HCN), qui représentait jusqu'alors l'opposition à Genève, ont rendu publique leur démission, quelques jours avant la relance de nouveaux pourparlers de paix à Genève. Lors de la récente conférence à Riyad, en Arabie saoudite, les différentes factions de l'opposition, y compris les groupes appuyés par Le Caire et Moscou, se sont mises d'accord pour envoyer une délégation de l'opposition unifiée à Genève, mais une voix unifiée de l'opposition et son poids réel sur la crise syrienne reste discutable.
Par ailleurs, d'autres plate-formes sur le conflit en Syrie restent déjà là, telles que le cadre d'Astana, à quoi s'ajoute la proposition sur la tenue d'"un congrès national syrien" à Sotchi, dans le sud-ouest de la Russie. Cette idée a été proposée lors d'un sommet trilatéral entre les présidents iranien Hassi Rohani, russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, tenu le 22 novembre à Sotchi. L'idée d'un "congrès" avait été rejetée par l'opposition et critiquée par les Occidentaux au motif que toute discussion politique doit se tenir dans le cadre du processus de Genève. Mais pour le président russe Poutine, une réunion avec des représentants des forces politiques syriennes peut servir de "stimulant" au processus de Genève.
La crise syrienne est également compliquée par les facteurs de l'extérieur, dont l'implication de puissances mondiales et régionales, ainsi que la question sur les Kurdes. Il reste donc un long chemin à parcourir pour dénouer le noeud du conflit syrien.
Mais une vraie chance de mettre fin à cette guerre civile datant de plusieurs années est apparue, avec la défaite totale des groupes extrémistes, a estimé mardi l'envoyé spécial du gouvernement chinois pour la Syrie, Xie Xiaoyan, à l'issue de sa rencontre avec M. de Mistura. Il a émis le souhait que toutes les parties syriennes puissent adopter des positions souples et faire avancer le processus politique à travers le dialogue, afin de rétablir la stabilité nationale et l'ordre social en Syrie.