Dernière mise à jour à 08h59 le 25/04
Le massacre a débuté le 23 avril sur une artère animée à l'heure du déjeuner à Toronto, quand une fourgonnette Ryder de location blanche a écrasé un piéton dans la rue, puis est montée sur un trottoir et a commencé à faucher les gens sans discernement. « Un par un, un par un », a déclaré un témoin qui n'a donné que son prénom, Ali. « Saint Dieu, je n'ai jamais vu un tel spectacle auparavant. Je me sens mal ». À la fin, au moins 10 personnes étaient mortes et 15 avaient été blessées, ont annoncé les autorités. Les actions du conducteur, disaient-elles, paraissaient intentionnelles, mais ne semblaient pas avoir été un acte terroriste. « La ville est sûre », a affirmé le chef de la police de Toronto, Mark Saunders.
Le conducteur, identifié comme un certain Alek Minassian, 25 ans, a été arrêté et placé en détention après avoir initialement refusé de se rendre. « Couche-toi ou on te descend », lui ont crié les policiers après qu'il ait quitté la camionnette dans une scène filmée en vidéo. « Tirez-moi dans la tête », a répondu le suspect, qui a finalement été maîtrisé sans tir de coups de feu. Tout près, les corps des morts et des blessés, dont certains étaient couverts de bâches orange, reposaient sur un large trottoir parsemé de débris, y compris une poussette d'enfant. Le carnage n'est pas sans rappeler les attaques meurtrières de partisans de l'État islamique utilisant des véhicules qui ont secoué Nice, Berlin, Barcelone, Londres et New York. Mais lundi soir, le ministre de la Sécurité publique du Canada, Ralph Goodale, a déclaré que ce drame semblait différent.
« Les événements qui se sont déroulés dans la rue derrière nous sont horribles », a-t-il dit, « mais ils ne semblent aucunement liés à la sécurité nationale sur la base des informations dont nous disposons en ce moment ». Alors que le conducteur était en état d'arrestation, les autorités canadiennes ont entrepris de reconstruire comment -et pourquoi- une journée remplie des promesses du début du printemps est devenue une scène d'horreur. Les autorités ont publié quelques détails sur le coupable dans la soirée. Dix victimes ont été emmenées au Sunnybrook Health Sciences Centre, a précisé le Dr Dan Cass, son vice-président exécutif, lors d'une conférence de presse. Deux ont été déclarés morts à l'arrivée, cinq étaient dans un état critique et trois étaient dans un état grave, a-t-il dit.
De son côté, le Premier ministre Justin Trudeau a déclaré : « Nous surveillons de près la situation ».
La rue Yonge, où a eu lieu la tragédie, est l'artère principale de Toronto et est largement reconnue comme la rue la plus longue du Canada. Elle traverse la ville du lac Ontario jusqu'au centre-ville avant d'atteindre la banlieue et ensuite les terres agricoles. Le drame de Toronto semble être l'utilisation la plus meurtrière d'un véhicule au Canada pour faucher délibérément les piétons. En octobre dernier, à Edmonton, un policier avait été percuté par une voiture et poignardé, et quatre autres personnes avaient ensuite été délibérément touchées par un camion. Le conducteur des deux véhicules, un immigrant somalien, a été arrêté dans ce que le premier ministre Trudeau a qualifié d'attentat terroriste. Et en 2014, un chauffeur de la région de Montréal avait écrasé deux militaires canadiens avant d'être abattu par la police. L'attaque avait été qualifiée de terrorisme islamiste et avait fait un mort.