Dernière mise à jour à 14h18 le 24/04
Des visiteurs font l'expérience de systèmes d'exploitation d'ordinateur lors de l'exposition « Internet Light ». (Photo Sheng Jiapeng / Xinhua) |
Dans les ordinateurs et les téléphones mobiles, le système d'exploitation agit comme une sorte de directeur général. Chaque fois que l'ordinateur est allumé, le système d'exploitation est le premier au travail, et il commande diverses opérations matérielles en fonction des actions de l'utilisateur. Le logiciel doit être calculé et traduit par le système d'exploitation pour donner des instructions à divers matériels.
Cependant, la Chine n'a pas de système d'exploitation qui lui est propre.
L'absence d'un système d'exploitation auto-développé est un point sensible pour la Chine, car des pays aussi puissants que la Grande-Bretagne, la Russie, le Japon, l'Allemagne et l'Inde utilisent aussi des systèmes d'exploitation américains. Dans un contexte de monopole des systèmes d'exploitation, les gagnants raflent tout. Les Etats-Unis ont été les premiers à faire un pas en avant dans ce domaine, et ils occupent depuis une position dominante.
A première vue, cela semble très simple, mais c'est en fait le fruit d'une accumulation longue de nombreuses années.
En soi, écrire un système d'exploitation n'est pas difficile. Même les étudiants d'université peuvent aussi développer des systèmes d'exploitation simples. Et le code source du système Linux est ouvert, facile à utiliser, et moyennant de légères modifications, chacun peut développer son propre ensemble de système d'exploitation.
Cependant, « c'est comme une voiture, tout le monde peut construire une plate-forme à quatre roues, l'aspect conception extérieure n'est pas difficile non plus, mais quand on la fait rouler, on se rend compte qu'une bonne voiture, ça ne se fait pas simplement comme ça », a déclaré Shi Lei, fondateur du média de sciences et technologies WPDang et observateur avisé du monde des technologies de l'information.
« Si le système d'exploitation d'un téléphone est écrit par un novice, alors je crains fort que cet appareil n'ait plus de batterie en l'espace d'une heure », a dit Shi Lei. « Nous utilisons généralement Android et d'autres systèmes d'exploitation, qui utilisent le moins d'électricité possible, la fréquence la plus raisonnable, et des délais de calcul les plus brefs ».
Mais un comportement simple de l'utilisateur, comme entrer deux mots dans WeChat, sera converti en une série d'instructions, envoyées à la CPU et ainsi de suite. Si le système ne tourne pas comme il le devrait, il se bloquera à chaque tour.
La sagesse du système d'exploitation est cachée dans les déclarations de programme ligne par ligne. Dans un code, les bons et les mauvais côtés ne se voient pas au premier coup d'œil, mais « sa mise en œuvre, cela veut également dire un million de lignes de code, certains connaissent des problèmes continus, tandis que certains arrivent parfaitement à éviter tous les pièges. Ce fossé provient de l'expérience accumulée grâce à beaucoup de main-d'œuvre et d'argent. Nombre de brevets de Microsoft et Apple proviennent d'essais ratés et réussis, et les nouveaux venus dans ce secteur se rendront vite compte que c'est seulement de cette façon que ça marche », a dit Shi Lei.
L'avantage des Etats-Unis : programmeurs nés dans les années 50, entrepreneurs dans les années 70.
Selon Shi Lei, la raison du monopole américain sur les systèmes d'exploitation est simple : ils ont commencé tôt. « Les avantages des systèmes d'exploitation mobiles datent de l'ère des ordinateurs personnels. Les avantages d'Apple et de Microsoft ont commencé dans les années 1970 et ont jeté les bases de la technologie d'aujourd'hui ».
Shi Lei, par exemple, a déclaré qu'Android est un système Google basé sur Linux, une licence libre, qu'utilisent divers fabricants de téléphones mobiles. Mais c'est Microsoft qui engrange des fortunes en s'appuyant sur Android, percevant des redevances d'un certain nombre de fabricants de téléphones mobiles et de PAD, une pièce d'équipement coûtant de quelques dollars à des centaines de dollars. Parce que Microsoft a déposé plusieurs demandes de brevet au cours des années 1980 pendant le développement de DOS, Linux n'a rien pu faire. De même, les logiciels d'aujourd'hui sont également compatibles avec le système de fichiers sous-jacent développé par Microsoft il y a plusieurs décennies.
Il y a quarante ans, la grande majorité des meilleurs programmeurs étaient aux États-Unis, de sorte que les diverses normes pour l'ère de l'ordinateur personnel ont été créées par les États-Unis.
« C'est comme un moteur étranger qui fonctionne bien, parce qu'il y a un groupe d'artisans qualifiés. Le développement du système d'exploitation exige également des techniciens qualifiés, ce sont les programmeurs ». Shi Lei a dit qu'il va fréquemment aux États-Unis pour assister à la Conférence des développeurs, où il a constaté la plus grande différence entre les États-Unis et la Chine : les concepteurs et programmeurs nés dans les années 50 et 60 y sont nombreux.
« Beaucoup de développeurs aux cheveux gris ont baigné dans les ordinateurs depuis qu'ils sont jeunes, il y a aussi des programmeurs dont le père est un programmeur », a souligné Shi Lei.
« Quand le premier groupe de programmeurs est sorti des universités chinoises, les départements des sciences informatiques des universités américaines avaient déjà formé plus de 30 groupes de diplômés », a dit Shi Lei, qui a souligné que quand les gens ordinaires voient la prospérité de l'industrie informatique de la Chine, ils se disent que l'écart technologique n'est pas grand, alors que la réalité est toute autre.
Le système d'exploitation n'a pas de marché, mais la recherche indépendante peut être une urgence
Il y a des centaines de grands fabricants dans l'industrie automobile. Mais les systèmes d'exploitation des téléphones mobiles et des ordinateurs personnels sont monopolisés par trois sociétés américaines. La société d'études de marché Gartner a publié des données cette année, montrant qu'en 2017, la part de marché Android a atteint 85,9% et Apple iOS 14%. Les autres systèmes ne représentent que 0,1%. Et ces 0,1% proviennent également essentiellement des États-Unis : Microsoft Windows et BlackBerry.
En Corée du Sud, Samsung avait bien lancé le système Tizen en 2013 dans une tentative de briser ce monopole, mais aujourd'hui encore les téléphones Samsung utilisent toujours Android.
Selon Shi Lei a déclaré que l'émergence d'Android s'est faite grâce à des opportunités historiques et la vision de Google. En 2008, quand Apple lança son premier iPhone, Google comprit immédiatement que l'ère du grand écran était arrivée, et elle proposa alors le premier système open source, dont nombre de fabricants de téléphones mobiles apprécièrent la qualité, et ce fut dès lors qu'Android débuta son expansion rapide sur le marché.
Dans le domaine des systèmes d'exploitation, il n'y a pas beaucoup de place, car les fournisseurs de logiciels veulent naturellement gagner de l'argent et ne développent donc que des versions destinées aux systèmes d'exploitation les plus populaires.
Sans Google qui a ouvert la voie, les smartphones ne seraient pas si populaires, et le prix de l'utilisation gratuite d'Android par les fabricants de téléphones mobiles chinois est que celui-ci peut être « interrompu » à tout moment.
En 2012, le fondateur de Huawei Ren Zhengfei avait dit « Il n'y a aucun espace écologique, alors pourquoi encore faire des système d'exploitation de terminaux ? », soulignant que l'on devrait utiliser pleinement les bonnes choses venues de l'étranger, y compris les puces haut de gamme et les systèmes d'exploitation, mais qu'il devrait y avoir parallèlement une stratégie de sauvegarde, « Quand quelqu'un peut nous couper les vivres, alors nous devons avoir un système de sauvegarde capable de prendre la relève », avait-il ajouté.