Dernière mise à jour à 09h03 le 24/04
Selon un policier responsable de l'enquête, un Canadien a été battu et lynché dans l'Amazonie péruvienne après que des habitants locaux l'aient accusé d'avoir tué une guérisseuse indigène âgée de 81 ans.
Olivia Arévalo, une chamane du peuple autochtone Shipibo-Konibo, atteinte de deux balles et décédée la semaine dernière près de chez elle, dans le village de Victoria Gracia, dans la région d'Ucayali au centre de l'Amazonie péruvienne. Certains villageois avaient attribué le meurtre d'Olivia Arévalo à un citoyen canadien, Sebastian Woodroffe, âgé de 41 ans, qui vivait dans la région et aurait été l'un de ses patients.
La police a trouvé le corps du Canadien enseveli dans une tombe peu profonde à environ un kilomètre de la maison de la guérisseuse le 21 avril. Un enregistrement du lynchage fait par la caméra d'un téléphone a été diffusé dans la presse locale et sur les réseaux sociaux. La vidéo montre un homme ensanglanté pleurant alors qu'il est allongé dans une flaque d'eau devant une maison en bois au toit de chaume, avant que deux hommes lui mettent une corde ou un tuyau en caoutchouc autour du cou et le traînent sur le sol jusqu'à ce qu'il ne bouge plus et se taise, tandis qu'un groupe de personnes, y compris des enfants, regardait la scène.
Le général Jorge Lam, l'officier de police responsable de l'enquête sur le double meurtre, a déclaré que la police suivait plusieurs pistes d'enquête. « Le corps a été entièrement identifié (comme étant celui de Sebastian Woodroffe) en utilisant des empreintes digitales », a-t-il dit. Selon Ronald Suárez, la plus haute autorité du peuple Shipibo-Konibo, fort de 40 000 âmes, les hommes responsables du lynchage ont « agi selon l'impulsion du moment et recouru à la justice traditionnelle ». « Mais nous sommes un peuple pacifique qui a toujours vécu en harmonie avec la nature », a-t-il insisté. « Nous avons peu confiance dans la police car, trop souvent, les crimes contre nous restent impunis », a déclaré M. Suárez, président du conseil des Shipibo-Konibo et des Xetebo. Olivia Arévalo était une «bibliothèque ambulante de nos connaissances traditionnelles, l'expression maximale de notre culture », a-t-il dit, qualifiant sa mort de « très douloureuse ».
Les Shipibo-Konibo sont connus pour leur art et leur utilisation d'infusions de plantes psychoactives. Le meurtre de la guérisseuse fait suite aux assassinats non résolus de militants autochtones qui ont à plusieurs reprises fait face à des menaces de mort du fait de leur désir de protéger leurs terres ancestrales. La police examine également une théorie selon laquelle un motif possible aurait pu être que le fils de la victime devait de l'argent au Canadien. Il y a aussi des rapports non confirmés disant que le tueur aurait pu être le membre d'un gang cherchant à recouvrer une dette contractée par le fils d'Olivia Arévalo. Sebastian Woodroffe se serait rendu au Pérou depuis Vancouver, au Canada, pour apprendre comment utiliser la médecine traditionnelle pour traiter les toxicomanies, via le site Internet de financement participatif Indiegogo.