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France : les violences urbaines relancent le débat sécuritaire

Xinhua | 02.10.2018 10h49

Le regain de violence relevé ces derniers mois dans des quartiers dits difficiles en France, alors même que les autorités mettent en œuvre la police de sécurité du quotidien (PSQ), inquiète certains élus qui réclament davantage de sécurité.

Le dernier acte de violence a eu lieu jeudi dernier à Rodez, au nord-est de Toulouse, où le directeur général adjoint de la mairie a été poignardé à mort. La veille, un adolescent de 17 ans a été tabassé par un groupe de jeunes à Garges-lès-Gonesse dans la banlieue nord de Paris. La scène, filmée par des témoins et diffusée par les médias, est d'une rare violence. Le même jour à Angoulême (sud-ouest), des jeunes armés de barres de fer et de battes de base-ball ont violemment attaqué un bus dans lequel se trouvait une bande rivale.

Une marche blanche a été organisée samedi à Saint-Denis en hommage à un autre adolescent de 16 ans, tué par balles le 18 septembre lors d'un affrontement entre groupes rivaux. Il s'y ajoute des cas de violence à Meylan près de Grenoble (est) où un homme de 26 ans a été poignardé à mort en juillet à la sortie d'une boîte de nuit ou encore le passage à tabac le 26 mai dernier à Lille d'un jeune homme, décédé des suites de ses blessures.

Face à cette recrudescence de la violence dans les quartiers, des élus haussent de plus en plus le ton pour exiger de l'Etat davantage de sécurité. C'est le cas de la maire de Lille, la socialiste Martine Aubry, qui a réclamé vendredi lors d'une conférence de presse plus de policiers dans sa ville, notamment dans les quartiers dits difficiles.

"Il faut absolument que nous ayons plus de policiers nationaux, mais aussi de CRS", a-t-elle dit, citant notamment les "tours de Lille-Sud qui sont tenues par des dealers". Selon Mme Aubry, "Il n'est pas pensable que dans une ville il y ait des tours où des médecins, les amis, les familles qui y habitent ne puissent plus rentrer. Je dis que ce n'est plus possible, on n'est plus dans une République", a dénoncé la maire de Lille.

Le député de Saint-Denis, Eric Coquerel, explique ce regain de violence dans ces quartiers par l'absence de l'Etat. "La violence est malheureusement assez courante dans nos quartiers qui sont oubliés. La République n'est pas là en terme de prévention, d'éducation, et les gens sont de plus en plus laissés à eux-mêmes", selon lui.

Quant à la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, elle pointe du doigt les juges qui ne font pas "preuve de fermeté". "C'est manifestement un problème avec les magistrats qui ne souhaitent pas faire respecter la loi. J'en veux pour preuve cet assassin de l'adjoint au maire (en charge de la sécurité) de Rodez qui a été condamné 42 fois", a-t-elle dénoncé sur BFMTV.

Dans une lettre ouverte publiée jeudi dernier, 23 maires ont attiré l'attention du président Emmanuel Macron sur le retour du droit commun en matière de sécurité dans les quartiers. Pour ces élus, la sécurité est la première demande des citoyens. "Il n'est pas acceptable qu'une minorité de délinquants dégradent le quotidien des habitants et mettent à mal tous les coûteux efforts de la puissance publique", écrivent-ils.

"Le retour de l'autorité républicaine est nécessaire dans nos quartiers. Sans cela, toutes les mesures d'accompagnement social, à l'école, dans la rue et les espaces publics, sont vaines et inutiles", ont-ils ajouté.

Mais pour Christophe Castaner, délégué général de LREM (La République En Marche) et secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, "la politique de sécurité, c'est une coproduction entre l'Etat et la municipalité et cette politique doit se faire au plus près des territoires".

Aux élus, il a indiqué samedi sur BFMTV que "le gouvernement a entendu cela avec 1.000 recrutements supplémentaires dans la police et la gendarmerie et la police travaille au plus près de la population pour éviter les dérives". En effet, ce regain de violence intervient au moment où le ministère de l'Intérieur déploie sa police de sécurité au quotidien (PSQ), suite au lancement le 18 septembre à Corbeil-Essonnes de "quartiers de reconquête républicaine" (QRR) où ces violences sont plus marquées.

Dans le cadre de ce déploiement, 300 fonctionnaires de police devaient vite rejoindre 15 QRR sur les 30 déjà annoncés, a dit le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb à cette occasion, tout en précisant que les 15 autres verront ces effectifs arriver progressivement jusqu'en décembre.

Rien qu'à Corbeil-Essonnes les violences urbaines ont augmenté, entre 2013 et 2017, de +13,6%, les infractions pour trafic de stupéfiants de +139% et les affrontements entre bandes se sont multipliés, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Yishuang Liu)
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