Dernière mise à jour à 08h27 le 05/11
La Nouvelle-Calédonie, collectivité territoriale du Pacifique Sud contrôlée par la France depuis 1853, s'est prononcée dimanche par référendum contre l'indépendance par 56,4% des voix lors d'un scrutin historique marqué par une très forte participation et salué par le Président Macron comme une "marque de confiance dans la République".
A la question "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante?", les 174 154 électeurs néo-calédoniens ont répondu non à 56,4% des voix contre 43,6% pour le oui, selon les résultats définitifs communiqués dimanche par le Haut-Commissariat, l'institution qui représente l'Etat français en Nouvelle-Calédonie.
La victoire du non à l'indépendance dans ce petit territoire stratégique de 270 000 habitants, situé dans le Pacifique à quelque 16 000 km de la métropole, était attendue mais elle est cependant moins large que ne l'avaient pronostiqué les instituts de sondages.
Supervisé par des observateurs de l'ONU, ce référendum d'autodétermination historique, prévu par l'accord de Nouméa signé en 1998, a été marqué par une participation massive avec 80,63% de votants, a indiqué le Haut-Commissariat.
Malgré le bon déroulement du scrutin, plusieurs voitures ont été brûlées et deux "faits de caillassage" ont été signalés, selon le Haut-commissariat.
L'objectif du référendum vise à poursuivre le travail de réconciliation entre Kanak, peuple autochtone de l'archipel, et Caldoches, population d'origine européenne, entamé avec les accords de Matignon de 1988 signés après les violences des années 1980 qui avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988, faisant au total 25 morts.
La Nouvelle-Calédonie, surnommée le "Caillou", jouit actuellement d'une large autonomie et reçoit chaque année quelque 1,3 milliard d'euros de financements de Paris.
Elle est toujours considérée par l'ONU comme l'un des dix-sept territoires non décolonisés que compte encore la planète.
"Je dois d'abord dire l'immense fierté que nous ayons passé ensemble cette étape historique, je veux aussi dire la fierté pour le chef de l'Etat que la majorité des Calédoniens ait choisi la France : c'est pour nous une marque de confiance dans la République française, dans son avenir et dans ses valeurs", a déclaré Emmanuel Macron lors d'une allocution télévisée, peu avant la proclamation définitive des résultats.
"En ce jour, le seul vaincu est la tentation du mépris, de la division, de la violence, de la peur, le seul vainqueur c'est le processus en faveur de la paix qui porte la Nouvelle-Calédonie depuis trente ans", a insisté le Chef de l'Etat pour qui le scrutin de dimanche témoigne d'un "esprit de dialogue que plus rien n'entamera".
"L'Etat est engagé au côté de la Nouvelle-Calédonie pour garantir dans la durée la dignité de toutes les composantes de la société, autour des valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Nous pouvons les partager au-delà de nos divergences, dans l'humilité et dans le respect", a ajouté le Président Macron avant d'indiquer que "le gouvernement proposera aux forces politiques de la Nouvelle-Calédonie de se réunir dans les prochaines semaines".
Le Premier ministre français Edouard Philippe est attendu lundi à Nouméa en provenance du Vietnam, avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin.
Après l'annonce des résultats, les commentaires ne se sont pas fait attendre. Sonia Backès, présidente des Républicains calédoniens, a salué "un vote sans ambiguïté". "Les Calédoniens se sont prononcés à une large majorité pour rester dans la France. Ils ne veulent plus de cette marche forcée vers l'indépendance", a-t-elle dit.
Les indépendantistes ont de leur côté insisté sur le score plus large que prévu engrangé par le "oui" et réaffirmé leur volonté de demander l'organisation de deux autres référendums dans les quatre ans à venir, comme l'accord de Nouméa le permet.
"Les Kanak ont pris conscience que c'était à eux de montrer leur détermination à être enfin libres. On est à deux doigts de la victoire, et il nous reste deux consultations à venir", a estimé Alosio Sako, président du rassemblement démocratique océanien (FLNKS).
Pour sa part, Philippe Michel, secrétaire général de Calédonie Ensemble, le principal parti non indépendantiste, continue de penser que "c'est mieux si on peut se passer d'un deuxième et d'un troisième référendum", mais qu'il ne s'opposerait pas à l'accord de Nouméa, qui est "constitutionnalisé".
De nombreux responsables politiques nationaux ont également réagi à la victoire du non à l'indépendance. Pour le président du Sénat, Gérard Larcher, "ce résultat découle en partie de la réussite de la mise en oeuvre des accords de Matignon puis de Nouméa, qui ont permis une très large autonomie au territoire, un rééquilibrage entre le nord, le sud et les îles, une solidarité entre les provinces et la préservation de l'identité kanak".
"Nos compatriotes de Nouvelle-Calédonie ont affirmé aujourd'hui avec clarté leur appartenance à la République française", s'est de son côté félicité Laurent Wauquiez, le président des Républicains.
"La gauche socialiste est fière d'avoir fortement contribué à la paix, d'avoir reconnu la dignité du peuple kanak et d'avoir engagé ce processus unique. La pleine détermination des peuples à disposer d'eux-mêmes est une valeur fondamentale pour les socialistes", a quant à lui estimé Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste.
La France insoumise, en revanche, a exprimé "une profonde déception pour tous ceux qui croient à la nécessité d'une pleine souveraineté des populations de l'archipel".
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a de son côté demandé au Président de la République "d'engager sans délai les démarches nécessaires auprès de l'ONU afin que la Nouvelle-Calédonie soit retirée de la liste des territoires à décoloniser".