Dernière mise à jour à 08h59 le 28/11
Un soutien aux énergies renouvelables d'un montant de sept à huit milliards d'euros par an, la fermeture de 14 des 58 réacteurs nucléaires français d'ici 2035, une grande concertation sur le terrain dans les trois mois à venir, l'adaptation de la fiscalité des carburants aux fluctuations, telles sont les principales annonces du président français Emmanuel Macron qui a présenté mardi les grands axes de la politique énergétique française d'ici 2028 dans un contexte de forte grogne sociale.
La Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), qui doit fixer dans la loi le cap de la politique énergétique française pour les dix prochaines années, était d'autant plus attendue que l'exécutif est confronté depuis dix jours au mouvement des "gilets jaunes" contre la hausse des taxes sur le carburant et la faiblesse du pouvoir d'achat.
"Fin du monde et fin du mois, nous allons traiter les deux et nous devons traiter les deux", a affirmé, mardi, le président Macron en introduction de son discours de près d'une heure depuis l'Elysée.
"Nous devons entendre les protestations d'alarme sociale", mais "sans renoncer à nos responsabilités", car "il y a aussi une alarme environnementale", a déclaré le chef de l'Etat.
Tout en condamnant "des violences inacceptables", M. Macron a assuré ne pas "confondre" les casseurs "avec des concitoyens qui veulent faire passer un message".
Dans le but de désamorcer le conflit social, le président a indiqué que la fiscalité des carburants sera adaptée aux fluctuations afin d'en limiter l'impact pour les Français qui utilisent beaucoup leur voiture.
Il a par ailleurs demandé à François de Rugy, ministre de la transition écologique, de recevoir des membres des "gilets jaunes" mardi après-midi à l'Elysée et annoncé une grande concertation sur le terrain dans les trois mois à venir.
Mais le chef de l'Etat français a tenu à réaffirmer le cap de sa politique énergétique. "On ne peut pas être le lundi pour le climat et le mardi contre la hausse des carburants", a-t-il dit.
"Nous devons sortir des énergies fossiles. Nous devons passer en 30 ans d'une France où 75% de l'énergie consommée est d'origine fossile à une France en 2050 où l'énergie sera décarbonée", a-t-il déclaré, avant de confirmer la fermeture de "l'ensemble des centrales à charbon sur nos territoires d'ici 2022."
Le soutien au développement des énergies renouvelables va passer de cinq milliards d'euros par an actuellement "à 7 à 8 milliards d'euros par an", a par ailleurs annoncé M. Macron, évoquant un triplement de l'éolien terrestre et une multiplication par cinq du photovoltaïque d'ici à 2030.
"Nous concentrons nos efforts sur le développement des énergies renouvelables les plus compétitives, et parce que nous veillons au pouvoir d'achat des Français, nous serons exigeants avec les professionnels sur la baisse des coûts", a-t-il dit.
Les dépenses représenteront un total de 71 milliards d'euros de soutien aux énergies vertes (électriques, biogaz, chaleur renouvelable) sur 2019-2028, selon l'Elysée.
Concernant le nucléaire, M. Macron a rappelé ne pas avoir été élu "sur un programme de sortie du nucléaire mais sur une réduction du nucléaire dans le mix énergétique".
"J'aurais aimé le faire dès 2025. Nous maintenons le cap des 50%, mais repoussons l'échéance à 2050. 14 réacteurs de 900 mégawatts seront arrêtés en 2035", a-t-il indiqué.
Si le développement des énergies renouvelables se fait à un rythme soutenu, le gouvernement va proposer de fermer deux réacteurs nucléaires en 2027 et 2028 - en plus des deux réacteurs de la centrale alsacienne de Fessenheim, qui doivent s'arrêter au printemps 2020.
"Réduire la part du nucléaire, ce n'est pas renoncer au nucléaire. Il reste une piste prometteuse pour une énergie fiable, décarbonée, et à bas coût", a-t-il insisté.
Le président français a par ailleurs annoncé qu'il n'y aurait pas de nouvel EPR annoncé pendant le quinquennat. Mais il n'a pas exclu d'autres constructions à terme. Il a proposé à la filière nucléaire et à EDF de proposer d'ici mi-2021 un plan pour la construction de nouveaux réacteurs.
"Je demande à EDF de travailler sur un nouveau nucléaire, d'intensifier nos recherches dans le nucléaires mais aussi dans le secteur du renouvelable et dans le stockage de l'énergie", a déclaré M. Macron.
"Il faut plus d'indépendance dans la production des batteries des véhicules électriques. Il faut une stratégie franco-allemande, au moins, et au mieux une stratégie européenne", a-t-il ajouté.
Le président français a d'autre part annoncé la création d'un Haut Conseil pour le climat, une nouvelle structure, composée d'experts, qui sera chargée de veiller au maintien du cap écologique de la politique gouvernementale. "J'ai voulu établir ce Haut conseil pour le climat, pour rétablir des faits. On ne peut pas confronter des avis sur des fausses informations et des contre-vérités", a-t-il dit.