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Le "grand débat national" voulu par le président Macron ne débute pas sous les meilleurs auspices

Xinhua | 10.01.2019 09h09

A moins d'une semaine du coup d'envoi du "débat national" voulu par le président français Emmanuel Macron pour tenter de sortir de la crise des "gilets jaunes", le flou autour de son organisation, les polémiques à répétition et les divisions au sein de la classe politique font craindre que cette "grande concertation de terrain" tourne au casse-tête pour l'Exécutif et à la cacophonie.

La démission de l'organisatrice du "grand débat national", mardi soir, est venue ajouter encore à la confusion dans une France déboussolée, secouée depuis bientôt deux mois par la crise des "gilets jaunes". Chantal Jouanno, désignée pour coordonner la "grande concertation de terrain" qui doit durer trois mois, s'est retirée du pilotage à la suite d'une polémique sur son salaire de présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP).

"J'ai pris acte de la démission de Mme Jouanno, que je regrette", a affirmé mercredi le Premier ministre Edouard Philippe. "Cela dit, je voudrais dire que ça n'est qu'une péripétie. Ce qui compte ce n'est pas les personnes, ce qui compte c'est ce débat", a-t-il poursuivi.

L'annonce par Matignon que le séminaire gouvernemental de mercredi à l'Elysée déboucherait sur une "organisation et un mode de pilotage du grand débat national qui présenteront des garanties équivalentes en termes d'indépendance et de neutralité" n'a pas suffi à faire taire les critiques. Loin de là.

Promis par le président Macron le 27 novembre dernier, quelques jours après des violences spectaculaires en marge des manifestations des "gilets jaunes" à Paris, le "grand débat national" doit permettre, selon le gouvernement, d'accompagner les Français dans la "transition écologique et sociale" et déboucher sur des "traductions concrètes". Et surtout, au chef de l'Etat, de reprendre la main alors que se profilent les élections européennes de mai.

Or, à moins d'une semaine du lancement de la consultation fixé au 15 janvier, l'opposition se déchaîne, le gouvernement lui-même apparaît divisé, une partie des "gilets jaunes" refusent le débat, tandis que nombre de Français observent avec circonspection, scepticisme ou déception le spectacle que donne leur pays à l'étranger et s'inquiètent de la dégradation du climat général.

"Ce n'est plus le grand débat mais la grande débâcle", a ironisé, mercredi, sur Twitter Laurence Sailliet, la porte-parole des Républicains (droite) tandis que Nicolas Bay, du Rassemblement national (ex-FN), n'a pas hésité à déclarer que "ce débat annoncé en fanfare par Macron est déjà mort-né". L'extrême droite comme l'extrême gauche réclament une dissolution de l'Assemblée nationale.

Avant même d'avoir commencé, ce "grand débat national", censé faire émerger les sujets qui préoccupent le plus les Français, répondre à leur demande de démocratie participative, renouer le lien entre les citoyens et leurs élus et, ainsi contribuer à l'apaisement, pourrait tourner au dialogue de sourds, relèvent des observateurs politiques.

D'autant que, jusqu'ici, les modalités de l'organisation de la consultation restent floues. Pour l'instant, concrètement, des cahiers de doléances ont été mis à disposition en décembre par 5 000 communes rurales.

D'après l'association des maires ruraux de France, la préoccupation du pouvoir d'achat est arrivée en tête, devant l'injustice fiscale et la diminution des services publics. Autre demande récurrente, la possibilité d'organiser des référendums d'initiative citoyenne (RIC). La synthèse de ces cahiers de doléances est attendue d'ici quelques jours.

Selon l'Exécutif, le "grand débat national" aura lieu partout en France sous des formes multiples: dans les mairies, sur les marchés ou sur les lieux de travail. L'inscription devrait se faire lieu sur un site dédié, Granddebat.fr, qui n'est pas encore opérationnel. Cette plate-forme numérique dédiée fournira notamment un "kit de méthodologie".

Un "comité des garants", réunissant des personnalités d'horizon divers, devrait par ailleurs superviser le bon déroulement de la concertation. Des "conférences de citoyens tirés au sort" seront mises en place dans chaque région "pour échanger sur les analyses et les propositions", a d'autre part indiqué la CNDP.

Emmanuel Macron doit préciser les contours du débat dans une lettre "aux Français" publiée dans la presse et sur les réseaux sociaux au cours de la semaine prochaine.

Le gouvernement a fixé quatre thèmes : "Mieux accompagner les Français pour se loger, se déplacer, se chauffer", "rendre notre fiscalité plus juste, plus efficace, plus compétitive", "faire évoluer la pratique de la démocratie" et "rendre l'Etat et les services publics plus proches des Français et plus efficaces". L'immigration, d'abord annoncée par le chef de l'Etat comme un thème en soi, a finalement été intégrée au thème "citoyenneté".

Une enveloppe de quatre millions d'euros a été débloquée pour ce débat auquel les membres du gouvernement seront libres de prendre part ou non.

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Gao Ke)
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