Dernière mise à jour à 09h02 le 08/01
Quatre ans après les attaques meurtrières contre le journal satirique Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, des cérémonies officielles ont lieu cette semaine à Paris et en province alors que la France est toujours confrontée à une menace terroriste élevée comme l'a tragiquement rappelé l'attentat de Strasbourg (est), le 11 décembre dernier.
Une cérémonie s'est déroulée lundi devant les locaux de Charlie Hebdo en présence notamment du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, du secrétaire d'État Laurent Nunez, de la maire de Paris Anne Hidalgo et des familles des victimes.
Des gerbes de fleurs ont été déposées en mémoire des douze personnes assassinées, il y a quatre ans, par les frères Kouachi qui avaient pris d'assaut la rédaction du journal satirique situé dans le 11e arrondissement de Paris.
La délégation s'est rendue ensuite Porte de Vincennes là où deux jours plus tard, le 9 janvier 2015, leur complice Amedy Coulibaly a pris en otages des clients de l'Hyper Cacher et tué quatre hommes, tous juifs, avant de mourir lors de l'assaut policier, juste après que les frères Kouachi ont été abattus dans une imprimerie en Seine-et-Marne où ils s'étaient retranchés après deux jours de traque.
Le procès de ces attentats devrait avoir lieu en 2020. Une quinzaine de personnes sont mises en examen dans ce dossier. Peter Cherif, le djihadiste proche des frères Kouachi, arrêté le 16 décembre dernier à Djibouti, a quant à lui été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroristes criminelle en récidive" dans le cadre d'une nouvelle information judiciaire, et placé en détention provisoire.
Ce quatrième anniversaire des attentats de janvier 2015 se déroule moins d'un mois après l'attaque meurtrière de Strasbourg qui a tragiquement rappelé le niveau élevé de la menace terroriste en France. Le 11 décembre dernier, un Strasbourgeois de 29 ans fiché S, Cherif Chekatt, a tué cinq personnes et en a blessé 10 autres dans le centre de la capitale alsacienne, dans le périmètre du célèbre marché de Noël, avant d'être abattu par les forces de l'ordre 48 heures après son équipée meurtrière.
Le 12 mai 2018, un Français né en Tchétchénie a attaqué au couteau des passants dans le quartier de l'Opéra de Paris, en criant "Allah Akbar". Il a fait un mort et quatre blessés avant d'être abattu par la police. L'attentat a été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
Le 23 mars dernier, les attaques de Carcassonne et Trèbes (Occitanie), perpétrées par un Français d'origine marocaine, Radouane Lakdim, avant d'être revendiquées par l'EI, ont causé la mort de cinq personnes dont le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame.
Le 13 novembre 2015, la France avait été frappée par les pires attentats de son histoire. Neuf djihadistes avaient tué 130 personnes et blessé plus de 350 à Paris, au Bataclan (90 morts), aux terrasses de plusieurs bars et restaurants (39 morts) et près du Stade de France (un mort). L'EI avait revendiqué les attaques perpétrées par des jihadistes de retour de Syrie.
Dimanche, la deuxième promotion de la médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme, publiée au Journal officiel, a mis à l'honneur de nombreuses victimes de ces attentats de 2015, mais aussi de l'attaque meurtrière du 14 juillet 2016 à Nice.
Face au terrorisme islamiste, "la France reste le premier pays visé", indiquaient les autorités françaises, dans une note du 2 octobre dernier adressée au Conseil européen pour l'informer de la décision de poursuivre les contrôles aux frontières intérieures entre novembre 2018 et avril 2019, dérogeant ainsi aux règles de libre circulation dans l'espace Schengen pour des raisons de sécurité.
"Un mal profond continue de ronger la société française", alerte l'ancienne journaliste franco-marocaine de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui, auteure de "Détruire le fascisme islamique", dans une interview accordée au journal suisse Le Temps, publiée lundi.
"L'islam reste un sujet tabou. En parler, poser des questions, oser remettre en cause ses dogmes religieux, c'est s'exposer aux pires menaces. J'en sais quelque chose...", déclare la journaliste qui vit sous protection policière.