Dernière mise à jour à 08h36 le 23/01
Des entreprises ont décidé d'investir plus de 600 millions d'euros supplémentaires en France, dans l'industrie et les services, et d'autres investissements devraient être rapidement actés, a annoncé l'Elysée à l'issue du sommet "Choose France" qui a réuni lundi, à Versailles en banlieue parisienne, près de 150 patrons du monde entier alors que des inquiétudes se font le jour quant à l'image et l'attractivité de la France dans le contexte de la crise des "gilets jaunes".
Rassurer les investisseurs étrangers sans alimenter la colère des "gilets jaunes" : telle est l'équation particulièrement délicate que s'est efforcé de résoudre, lundi, à Versailles, le chef de l'Etat français, fragilisé par la révolte sociale et fiscale qui secoue l'Hexagone depuis plus de deux mois.
Samedi dernier, pour la dixième semaine consécutive, 84 000 personnes ont encore manifesté à travers le pays, appelant à la démission de celui que les "gilets jaunes" fustigent comme le "président des riches".
L'impact de cette crise sur l'image de la France à l'étranger reste pour l'instant difficile à mesurer mais il est clair que l'on est loin de l'optimisme qui prévalait, l'an dernier, lors de la première édition du sommet "Choose France" (Choisissez la France) lancé par un Emmanuel Macron conquérant auréolé de son image de président réformateur qui affirmait avec panache : "France is back" (la France est de retour).
Signe de la marge de manœuvre étroite du chef de l'Etat français, la rencontre avec quelque 150 patrons du monde entier sous les ors du château de Versailles s'est d'ailleurs déroulée dans une relative discrétion.
Parmi eux notamment : Satya Nadella (Microsoft), Evan Spiegel (Snapchat), Lawrence Culp (General Electric), Young Sohn (Samsung), Angel Zhao Ying (Alibaba Group), John Flint (HSBC), Frédéric Mazzella (BlaBlaCar), Guillaume Faury (Airbus), Emmanuel Faber (Danone), ou encore Isabelle Kocher (Engie).
Selon l'Elysée, le président Macron s'est déclaré "heureux de les avoir rassemblés pour confirmer que la France est sur les rails des réformes" et que sa volonté de transformer le pays est intacte. Il a insisté sur le changement culturel qu'il veut pour la France, "pays d'innovation, de création", où "nous avons besoin de plus de personnes prêtes à prendre des risques".
"La solution à la crise n'est pas de revenir sur ce que nous avons fait pendant 18 mois", a-t-il dit.
D'après l'entourage du président français, il a présenté les manifestants comme "des gens qui contribuent, qui paient des impôts mais qui ne voient pas de progrès pour eux-mêmes". "Bâtir un projet de société inclusif" est crucial, a-t-il ajouté. "Si nous ne le faisons pas, notre modèle de société va s'effondrer", a-t-il mis en garde.
Des décisions d'investissements représentant plus de 600 millions d'euros ont été dévoilées à l'issue du sommet, a indiqué dans la soirée la présidence de la République.
Début 2018, la première édition de "Choose France" avait permis d'annoncer près de 3,5 milliards d'euros d'investissements sur plusieurs années.
Parmi les investissements les plus notables cette année figure celui du fabricant chinois de défibrillateurs et pacemakers Microport : 350 millions d'euros vont être consacrés sur cinq ans à l'agrandissement de son centre d'excellence mondial de recherche et développement à Clamart (Hauts-de-Seine), selon une source française.
Le groupe agroalimentaire et agro-industriel américain Mars va quant à lui attribuer 120 millions d'euros d'investissements sur huit sites, dont l'un de 70 millions d'euros sur le site Haguenau, en Alsace, pour la production de M&M's pour toute l'Europe, a fait savoir l'Elysée.
La multinationale américaine spécialisée dans les biens de consommation courante Procter & Gamble investira de nouveau dans le nord de la France "sur le site d'Amiens, dans une nouvelle ligne de production ultra-moderne dans le soin du linge, pour un montant de 50 millions d'euros".
Dans le secteur des nouvelles technologies, l'américain Cisco a de son côté annoncé qu'il allait investir "environ 60 millions d'euros sur trois ans", principalement au sein de son centre d'innovation, le Paris Innovation and Research Lab (PIRL).
Microsoft a quant à lui promis "la création d'un centre mondial de R&D dédié à l'intelligence artificielle au siège français du groupe situé à Issy-les-Moulineaux".