Dernière mise à jour à 09h38 le 18/10
Après des négociations entre les deux parties à Ankara, la capitale turque, les Etats-Unis et la Turquie ont conclu jeudi un accord visant à instaurer une trêve de cinq jours et à créer une zone de sécurité dans le nord de la Syrie, où les forces turques affrontent depuis plusieurs jours les milices kurdes.
"L'opération militaire turque sera mise en pause pendant 120 heures", a déclaré le vice-président américain Mike Pence lors d'une conférence de presse donnée à l'issue d'une réunion à huis-clos avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Selon M. Pence, la milice kurde connue sous le nom d'Unités de protection du peuple (YPG) a déjà commencé à se retirer de la zone de sécurité prévue, qui s'étendra à terme sur 32 km de profondeur.
"La Turquie ne mettra fin à son opération dans le nord de la Syrie que lorsque les terroristes des YPG et du PKK auront quitté la zone", a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, lors d'une conférence de presse à Ankara.
Ankara considère en effet les YPG comme la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) - un parti clandestin qui combat l'Etat turc depuis trois décennies - tandis que Washington s'est jadis servi des combattants kurdes comme forces terrestres dans son offensive contre les militants de l'Etat islamique (EI).
"Ce n'est pas un cessez-le-feu", a souligné M. Cavusoglu, affirmant qu'un cessez-le-feu ne pouvait avoir lieu qu'entre "deux parties légitimes".
L'accord conclu entre les délégations américaine et turque stipule non seulement le retrait des YPG, mais aussi "la saisie de leurs armes et le démantèlement de leurs fortifications et de leurs positions", a déclaré le ministre.
M. Pence a indiqué qu'une fois la trêve entrée en vigueur, les Etats-Unis lèveraient les sanctions imposées à la Turquie depuis le lancement par Ankara d'une opération militaire transfrontalière contre les milices kurdes le 9 octobre.
Le vice-président américain s'est rendu à Ankara avec le secrétaire d'Etat Mike Pompeo après le rejet par la Turquie d'une proposition américaine de cessez-le-feu. M. Pence aurait discuté à huis-clos avec M. Erdogan pendant plus de deux heures.
Avec l'opération "Source de Paix", la Turquie cherche avant tout à expulser les milices kurdes de sa frontière, afin de créer dans le nord de la Syrie une zone de sécurité susceptible d'accueillir les réfugiés syriens hébergés sur son territoire. Cette opération, qui est la troisième du genre en quelques années, a cependant suscité de nombreuses condamnations à travers le monde, notamment de la part des pays arabes et européens.