Dernière mise à jour à 09h51 le 12/12
Le Premier ministre français Edouard Philippe a présenté ce mercredi le projet de réforme des retraites de son gouvernement, sans pour autant convaincre les syndicats, en grève depuis jeudi dernier contre ledit projet.
Parmi les mesures phares de cette refondation, il y a la suppression des régimes spéciaux, l'application du système par points, l'établissement d'un âge d'équilibre de départ à 64 ans, la garantie d'une pension minimale de 1000 euros et l'augmentation de la cotisation de solidarité pour les revenus les plus élevés.
Pour le Premier ministre Edouard Philippe, l'objectif de ce projet universel des retraites est de garantir aux Français une protection sociale "plus forte et plus durable". "Le système sera le même pour tous les Français sans exception. Ce sera un système en point et non en trimestre qui fera que le travail paie davantage puisque chaque heure travaillée ouvrira des droits", a-t-il indiqué mercredi devant le Conseil économique, social et environnemental.
Le Premier ministre français a promis que la valeur du point ainsi que son évolution - un des points controversés du projet - seront fixés par les partenaires sociaux sous le contrôle du parlement. Et que la loi prévoira une règle d'or pour que la valeur des points acquis ne puisse pas baisser.
La seconde mesure importante de ce nouveau système des retraites concerne la suppression des 42 régimes existants dont les régimes spéciaux qui sont au cœur de la contestation sociale. "La mise en place d'un régime universel implique la suppression des régimes spéciaux. Donc, nous mettrons fin à ces régimes, progressivement, sans brutalité", a dit M. Philippe.
Le système universel c'est aussi protéger mieux les Français les plus fragiles, notamment ceux qui partent avec des retraites très faibles malgré toute une vie de travail, a dit Edouard Philippe. A ces derniers, "nous garantirons une pension minimale de 1000 euros net par mois pour une carrière complète au SMIC", a-t-il annoncé. Des points seront alloués aux Français qui ont des carrières "heurtés ou qui sont forcés" de travailler à temps partiel, pour compenser les périodes de chômage et de maladie. Toujours sur ce volet social du système universel, M. Philippe a annoncé la compensation de la maternité des femmes à 100%.
Le régime universel étant fondé sur la solidarité nationale, le nouveau projet a prévu de faire contribuer les plus riches : "Jusqu'au 120 000 euros de revenu annuel tout le monde cotisera au même taux pour s'ouvrir des droits dans la limite de ce montant. Et au-delà de ce montant, les plus riches paieront une cotisation de solidarité plus élevé qu'aujourd'hui", a déclaré M. Philippe.
Le gouvernement a maintenu l'âge minimal de départ à 62 ans mais propose "un âge d'équilibre de départ" à la retraite à 64 ans. Les travailleurs qui exercent des fonctions dangereuses (pompiers, policiers, gendarmes, militaires etc) conserveront le bénéfice de dérogation d'âge. Les Français nés avant 1975 ne sont pas concernés par la réforme. La génération de 2004 sera la première à intégrer totalement le système par points. Le projet de loi sera prêt à la fin de l'année et présenté au parlement "fin février".
Mais ce projet tant attendu n'a convaincu ni les syndicats ni les partis politiques de gauche qui ont d'ores et déjà appelé à de nouvelles mobilisations. "Le Premier ministre se met à dos tous les syndicats. Le projet a pour objectif de faire de nouvelles économies et de reculer l'âge de départ à la retraite", a réagi le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Yves Veyrier.
"Le gouvernement s'est moqué du monde", a estimé le secrétaire général de la Confédération générale du Travail (CGT), Philippe Martinez dont le syndicat a appelé "à renforcer la grève". Pour Laurent Berger de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) le gouvernement vient de franchir "la ligne rouge". "Nous sommes déçus par des mesures contraignantes", a indiqué pour sa part, le secrétaire général de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA), Laurent Escure.
Déception également chez les leaders de gauche qui sont contre ce projet de réforme des retraites et qui soutiennent les syndicats. C'est par exemple le cas du Parti communiste français (PCF) et de la France insoumise (LFI).
"Tout ce qu'on pouvait redouter est dedans : recul de l'âge légal, recul du droit à la retraite à taux plein de 62 à 64 ans", a dénoncé le secrétaire général du PCF, Fabien Roussel, tout en appelant à la mobilisation "pour que cette réforme ne passe pas".
"Macron vient d'instaurer la retraite à 64 ans (...) les retraites des grands patrons et les privilèges des assurances privés sont maintenues. Injuste et inéquitable", a réagi Jean-Luc Mélenchon sur son compte Twitter.