Dernière mise à jour à 10h01 le 18/12
Plusieurs centaines de milliers de Français ont une nouvelle fois manifesté mardi à Paris et dans de nombreuses villes du pays pour protester contre la réforme controversée des retraites tandis que le Premier ministre Edouard Philippe continue d'afficher sa "détermination totale" à la mener à bien.
Au 13ème jour d'une grève des transports qui perturbe le pays, plusieurs centaines de milliers de Français ont répondu mardi à l'appel lancé par tous les syndicats pour une troisième journée interprofessionelle de mobilisation contre la réforme des retraites.
La CFDT, premier syndicat du pays, organisation réformiste pourtant favorable au nouveau système par points voulu par le gouvernement, a rejoint les rangs des opposants la semaine dernière.
Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, la participation aux cortèges a été inférieure à celle du 5 décembre sur la France entière (615 000 contre 806 000 le 5 décembre), mais supérieure dans la capitale (76 000 contre 65 000). La CGT avance quant à elle le chiffre d'1,8 million de manifestants dans l'ensemble du pays.
"Services publics à l'agonie, Retraitez nous bien", "On révolte ceux que l'on saigne", "J'exige ma retraite, ni à point, ni saignante", "La retraite pour les travailleurs, pas pour les assureurs", pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants.
Comme les 5 et 12 décembre derniers ont défilé à Paris et dans de nombreuses villes du pays les représentants de professions très diverses qui craignent d'êtres lésées par le nouveau système. Dans les cortèges se trouvaient des cheminots, des enseignants, des fonctionnaires, mais aussi des salariés du privé, des médecins, du personnel de santé, des avocats ou encore des pilotes qui tous rejettent une réforme que le gouvernement, pourtant fragilisé par la démission lundi du haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye, défend bec et ongles.
Le Premier ministre Edouard Philippe, qui a réitéré mardi sa "détermination totale" à mener à bien la réforme, doit recevoir les représentants syndicaux ce mercredi à Matignon. Mais pour le moment, le bras de fer continue et le scénario d'une sortie de crise avant les fêtes de Noël reste très hypothétique.
La SNCF, confrontée à une grève très suivie dans les rangs des conducteurs de trains, s'est voulue rassurante, affirmant qu'elle pourra garantir ce week-end le voyage de tous les passagers ayant déjà réservé leur billet de TGV, mais avec des changements d'horaires dans la moitié des cas.
Selon les derniers sondages, une majorité de Français continuent de soutenir le mouvement de grève tout en souhaitant une "trêve de Noël", une option rejetée par les syndicats, hormis la CFDT.
A Paris, le leader de la CGT, Philippe Martinez, a qualifié la mobilisation de "franc succès". "Malgré les tentatives de division du gouvernement, la population reste mobilisée", a-t-il dit aux médias.
Le défilé parisien s'est déroulé dans le calme malgré la formation à son arrivée, place de la Nation, d'un black bloc dispersé par les forces de l'ordre. La préfecture de police de la capitale a indiqué dans l'après-midi avoir procédé à 2 422 contrôles préventifs et une dizaine d'interpellations.
Cette troisième journée interprofessionelle de mobilisation contre la réforme des retraites s'est également traduite par des grèves dans les établissements scolaires, avec 25,05% de grévistes dans le primaire et 23,32% dans le secondaire, selon le ministère de l'Education (50% et 60% respectivement selon les syndicats).
Près de 90.000 foyers ont par ailleurs été touchés par des coupures volontaires d'électricité en Gironde et à Lyon (Rhône), des actions revendiquées par la CGT du gestionnaire du réseau RTE (Réseau de Transport d'électricité) qui a menacé le gouvernement d'actions "plus massives".