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Selon l'OMS, les interdictions de voyager imposées à la Chine renforcent la peur et la stigmatisation, avec peu d'avantages pour la santé publique

le Quotidien du Peuple en ligne | 07.02.2020 16h43

Note de la rédaction : Lors de la 146e session du Conseil exécutif de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui a eu lieu le 4 février, le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a réitéré sa position sur la coopération mondiale contre la propagation du coronavirus. Sans nommer de pays spécifiques, le Dr Tedros a affirmé que certains « pays à revenu élevé sont loin derrière dans le partage des données vitales avec l'OMS », ajoutant que la raison n'est pas parce « qu'ils manquent de capacités ». En comparaison, il a félicité la Chine pour les « mesures fortes » que le pays prend à l'épicentre, ouvrant au monde « une fenêtre d'opportunité ».

Le Directeur général a en outre exprimé sa désapprobation au sujet de l'imposition d'interdictions de voyager à la Chine, soulignant que « de telles restrictions peuvent avoir pour effet d'augmenter la peur et la stigmatisation, avec peu d'avantages pour la santé publique ».

On trouvera ci-après le discours complet du Directeur général.

Le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus

Bonjour,

J'ai déjà beaucoup parlé de l'épidémie due au nouveau coronavirus au Conseil exécutif hier et à la réunion du Comité du programme, du budget et de l'administration qui s'est tenue la semaine dernière.

Mais permettez-moi de souligner quelques points clés.

Les dernières données dont nous disposons indiquent qu'il y a 20 471 cas confirmés en Chine, dont 425 décès.

En dehors de la Chine, il y a 176 cas répartis dans 24 pays et un décès, aux Philippines.

Il est important de souligner que 99% des cas se trouvent en Chine et que 97% des décès sont survenus dans la province du Hubei. Il s'agit encore et avant tout d'une situation d'urgence pour la Chine.

Nous continuons à collaborer étroitement avec le Gouvernement chinois pour appuyer ses efforts visant à lutter contre cette épidémie à l'épicentre. C'est notre meilleure chance de prévenir une crise mondiale plus étendue.

Bien entendu, le risque qu'elle se propage davantage à l'échelle mondiale reste élevé. Le moment est venu pour tous les pays de se préparer.

L'OMS expédie des masques, des gants, des appareils de protection respiratoire et près de 18 000 blouses de protection depuis nos entrepôts de Dubaï et d'Accra à 24 pays qui ont besoin d'aide, et nous allons en ajouter d'autres.

Nous envoyons 250 000 tests à plus de 70 laboratoires de référence dans le monde entier pour faciliter un dépistage plus rapide.

Nous envoyons une équipe d'experts internationaux pour travailler avec leurs homologues chinois afin de mieux comprendre l'épidémie et d'orienter la riposte mondiale.

La semaine prochaine, nous organisons une réunion mondiale consacrée à la recherche afin d'identifier les priorités de recherche dans tous les domaines de l'épidémie, de l'identification de la source du virus à la mise au point de vaccins et de produits thérapeutiques.

Demain, j'informerai le Secrétaire général et l'équipe de direction de l'Organisation des Nations Unies.

Aujourd'hui, nous avons organisé une téléconférence avec les 150 bureaux de pays de l'OMS, afin de discuter des mesures qu'ils doivent prendre pour être prêts. Jeudi, nous aurons une réunion d'information similaire avec tous les coordonnateurs résidents du système des Nations Unies.

Nous augmentons également nos capacités de communication pour contrer la propagation des rumeurs et de la désinformation, et faire en sorte que tout le monde reçoive des informations précises et fiables dont chacun a besoin pour se protéger et protéger sa famille.

Et nous prévoyons d'organiser des séances d'information quotidiennes pour les médias.

Aujourd'hui, j'ai trois demandes clés à adresser aux États Membres:

Premièrement, j'appelle tous les États Membres à communiquer des informations détaillées à l'OMS - notamment des données sur l'épidémiologie, la sévérité clinique et les résultats des études et enquêtes communautaires. Cette responsabilité incombe à tous les pays en vertu du Règlement sanitaire international.

Sur les 176 cas signalés jusqu'à présent en dehors de la Chine, l'OMS a reçu des formulaires de notification de cas complets pour seulement 38% d'entre eux. Certains pays à revenu élevé sont très en retard dans la communication de ces données vitales avec l'OMS. Je ne pense pas que ce soit parce qu'ils manquent de capacités.

À défaut de données plus complètes, il nous est très difficile d'évaluer l'évolution de l'épidémie ou l'impact qu'elle pourrait avoir, et de nous assurer que nous fournissons les recommandations les plus appropriées.

Aujourd'hui, j'écris à tous les ministres de la santé pour demander une amélioration immédiate de la communication des données.

Comme je l'ai dit hier, nous ne pouvons vaincre cette épidémie qu'avec la solidarité mondiale, et cela commence par une participation collective à la surveillance mondiale. Lorsqu'on s'engage à être solidaire, il faut d'abord communiquer l'information. Solidarité, solidarité, solidarité.

Deuxièmement, nous réitérons notre appel à tous les pays pour qu'ils n'imposent pas de restrictions non conformes au Règlement sanitaire international.

De telles restrictions peuvent avoir pour effet d'accroître la peur et la stigmatisation, sans grands avantages pour la santé publique.

Jusqu'à présent, 22 pays ont signalé ces restrictions à l'OMS.

Quand de telles mesures sont mises en œuvre, nous demandons instamment qu'elles soient de courte durée, proportionnées aux risques pour la santé publique, et qu'elles soient régulièrement réexaminées en fonction de l'évolution de la situation.

Et troisièmement, il convient de faciliter une collaboration rapide entre les secteurs public et privé pour mettre au point les produits de diagnostic, les médicaments et les vaccins dont nous avons besoin pour maîtriser cette épidémie.

Nous avons une occasion à saisir. Alors que 99% des cas surviennent en Chine, dans le reste du monde, on ne compte que 176 cas. Cela ne signifie pas que la situation ne va pas s'aggraver. Mais il est certain que nous avons une occasion à saisir pour agir. Parce que 176 cas dans le reste du monde c'est très peu, [il n'y a] aucune raison de paniquer ou d'avoir peur. Bien sûr, les gens sont inquiets - ils devraient l'être.

Il existe une occasion à saisir grâce aux mesures que la Chine a prises à l'épicentre, à la source. Ne manquons pas cette occasion.

Merci beaucoup. 

(Rédacteurs :Yishuang Liu, 孙晨晨)
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