Dernière mise à jour à 11h10 le 13/03
Lors d'une allocution solennelle télévisée très attendue, le chef de l'Etat français Emmanuel Macron a annoncé jeudi soir la fermeture de "toutes les crèches, écoles, collèges, lycées et universités" dès lundi, en appelant la population à "faire bloc" face à la propagation de l'épidémie de COVID-19.
Les élections municipales qui doivent avoir lieu ce week-end sont maintenues et un "mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel" sera mis en place, a-t-il indiqué.
"Cette épidémie qui affecte tous les continents et frappe tous les pays européens est la plus grave crise sanitaire qu'ait connu la France depuis un siècle", a déclaré le président français Emmanuel Macron en préambule de son allocution solennelle télévisée depuis l'Elysée.
"Nous ne sommes qu'au début de cette épidémie", a-t-il dit, comme il l'avait déjà indiqué à plusieurs reprises ces derniers jours, alors que le dernier bilan des autorités fait état de plus de 2.800 personnes contaminées dans le pays par le coronavirus COVID-19 et 61 morts. La priorité est de "freiner" la progression de l'épidémie, a insisté le chef de l'Etat, en saluant "le sang-froid" des Français.
La principale annonce du discours du président, qui a duré près d'une demi-heure, concerne les établissements scolaires. "Dès lundi et jusqu'à nouvel ordre, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées, les universités seront fermés", a annoncé Emmanuel Macron. Jusqu'ici seuls des établissements situés dans des foyers de contamination avaient été touchés par une telle mesure.
Dès lundi, ce sont près de 12 millions d'élèves et environ 1,6 million d'étudiants qui resteront chez eux.
Le président a par ailleurs fait taire les rumeurs d'annulation des élections municipales qui avaient circulé tout l'après-midi. Le scrutin aura bien lieu comme prévu les 15 et 22 mars, a dit Emmanuel Macron, invoquant la "continuité démocratique". "Il conviendra de veiller au respect strict des consignes sanitaires et aux mesures-barrières. Des consignes renforcées seront données dès demain", a-t-il indiqué.
"L'urgence est de protéger nos compatriotes les plus vulnérables", a déclaré le chef de l'Etat. "Nous prenons des mesures très fortes pour augmenter les capacités de nos hôpitaux.", a-t-il indiqué. "La santé n'a pas de prix, le gouvernement prendra tous les moyens nécessaires" pour endiguer l'épidémie, "quoi qu'il en coûte", a-t-il insisté.
"Il nous faut continuer de gagner du temps", a poursuivi Emmanuel Macron. "Je demande ce soir à toutes les personnes âgées de plus de 70 ans, aux personnes atteintes de maladies chroniques ou respiratoires et en situation de handicap de rester autant que possible à leur domicile", a-t-il dit.
Le président a par ailleurs demandé aux Français de limiter leurs déplacements "au strict nécessaire". "Les transports publics seront maintenus car les arrêter" équivaudrait à "tout bloquer, y compris la possibilité de soigner", a-t-il estimé.
Face aux conséquences économiques engendrées par la crise sanitaire, le président français a annoncé "un mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel" "dès les jours à venir". "Nous n'ajouterons pas à la crise sanitaire la peur de la faillite pour les entrepreneurs et l'angoisse du chômage pour les employés", a-t-il dit.
"L'Etat prendra intégralement en charge l'indemnisation des salariés contraints à rester chez eux", a-t-il ajouté. "Tout sera mis en oeuvre pour protéger nos salariés et nos entreprises, quoi qu'il en coûte", a-t-il insisté en appelant également à une réponse européenne. "Ce virus n'a pas de passeport. La coordination européenne est essentielle", a-t-il lancé en mettant en garde contre "le repli nationaliste" et "le repli individualiste".
"Il y aura sans doute des mesures de fermeture de frontières à prendre, mais il faudra les prendre quand elles seront pertinentes", a-t-il ajouté.
"Nous Européens ne laisserons pas une crise économique se propager. Nous réagirons fort et vite", a-t-il poursuivi avant d'indiquer qu'il doit "échanger" ce vendredi avec Donald Trump "pour lui proposer des mesures au sein du G7".
"Je vous demande de faire bloc", a solennellement déclaré le chef de l'Etat français. "On ne vient pas à bout d'une crise d'une telle ampleur sans une grande discipline individuelle et collective", a-t-il poursuivi en appelant au respect des consignes édictées par le gouvernement et "à cette union sacrée qui consiste à suivre tous ensemble un même chemin, à ne céder à aucune peur, à aucune panique". "La France unie c'est notre meilleur atout dans la période troublée. Nous tiendrons tous ensemble", a-t-il lancé.