Les gains des mesures prises par la Chine l'emportent sur ce qu'elles ont coûté

Un éditorial du magazine Economist a affirmé en février qu'il était encore trop tôt pour dire si les gains de la politique de confinement adoptée par la Chine en réponse à l'épidémie de nouveau coronavirus valaient le prix payé en termes économiques et individuels.

Dans le paragraphe précédent, cependant, le même éditorial a déclaré que sans ces mesures de confinement, la Chine aurait « enregistré plusieurs millions de cas et des dizaines de milliers de morts ».

Curieusement, l'éditorial ne semble pas avoir remarqué qu'il avait répondu à sa propre question avant même qu'elle ait été posée: les gains tirés de l'utilisation remarquable des mesures de confinement par la Chine ont clairement, à ce jour, dépassé le prix qu'elles ont coûté.

Les évaluations des infections évitées et des vies sauvées exposées dans l'éditorial sont étayées par une estimation de modélisation médicale de l'Université de Hong Kong publiée en janvier dans la revue médicale The Lancet. Selon cette estimation, sans confinement efficace, le nombre de personnes infectées en Chine aurait pu atteindre plus de 2 millions début mars.

Alors que la Chine a mis en place la recherche et la mise en quarantaine des contacts la plus étendue du monde, des critiques ont déclaré que ces mesures étaient draconiennes, et qu'elles constituaient même une violation des droits de l'homme en plus d'être inefficaces. Il est maintenant largement admis que la décision de la Chine d'employer une approche de quarantaine (et de suivi) à l'ancienne à une échelle sans précédent a considérablement ralenti la propagation des infections à COVID-19, non seulement en Chine mais dans le monde entier. Cela a depuis été vérifié par l'Organisation mondiale de la santé.

À tout le moins, un temps très précieux a été gagné pour que les pays du monde entier puissent mieux préparer leurs réponses. Aujourd'hui, sans ces mesures de quarantaine, nous assisterions probablement à une augmentation beaucoup plus importante de la charge de travail des systèmes de santé dans le monde, ce qui mettrait certains à rude épreuve. Il est également généralement reconnu que la plupart des pays, y compris les États-Unis et d'autres économies riches, ne sont pas suffisamment préparés à une épidémie.

Cependant, la fenêtre d'opportunité vitale n'a peut-être pas été entièrement utilisée. Marc Lipsitch, un important épidémiologiste américain de l'Université de Harvard, a récemment observé dans une interview accordée au magazine New Yorker que les méthodes chinoises étaient plus approfondies que celles déployées aux États-Unis. Déplorant le manque de capacités de test aux États-Unis pour savoir ce qui se passait réellement, il a déclaré : « La réponse de notre gouvernement était d'environ 1% ou moins que ce que la Chine a fait ».

Supposons, cependant, que les critiques occidentaux aient été écoutés et que la quarantaine massive n'ait pas eu lieu, sur la base des estimations de la modélisation de l'Université de Hong Kong. À cette époque, la Chine pourrait avoir eu plus de 2 millions de cas et jusqu'à 40 000 décès, au lieu de plus de 80 000 cas et plus de 3 000 décès.

Si les choses s'étaient déroulées de cette manière, le récit médiatique aurait été régi par des observations du type la Chine ne sait pas quoi faire, évoquant l'incompétence de Beijing et un pays en faisant trop peu trop tard.

Une deuxième vague d'infections en Chine reste bien sûr possible. Mais déjà, des milliers de vies ont été sauvées et des millions d'infections probables ont été évitées. De plus, la Chine est désormais mieux placée pour faire face à une deuxième vague, ayant beaucoup appris de la première. Elle est également mieux placée pour aider d'autres juridictions à lutter contre la propagation des infections à COVID-19.

Hormis le coût économique énorme, le coût humain de la lutte contre l'épidémie de COVID-19 en Chine a été colossal. Il y a le bilan des morts en lui-même, mais en plus un nombre inquiétant de médecins et d'infirmières sont morts et plus de 3 000 membres du personnel médical ont été infectés en combattant le virus.

Ensuite, il y a l'immense sacrifice que les habitants de Wuhan (et du Hubei) ont été appelés à faire à la suite du confinement. Sans le courage exceptionnel de la population en général et la bravoure et les compétences remarquables des membres du personnel médical de première ligne, ce niveau de confinement n'aurait pas pu être atteint.

Bruce Aylward, directeur général adjoint de l'OMS, a déclaré que l'approche audacieuse de la Chine « a changé le cours d'une épidémie qui s'intensifie rapidement et qui est mortelle ».

La Chine et le monde doivent beaucoup à Wuhan et au Hubei. Il ne faut pas l'oublier.

(L'auteur est Richard Cullen, professeur invité à la faculté de droit de l'Université de Hong Kong)