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L'ASPI, le groupe de réflexion à l'origine de la propagande anti-chinoise en Australie

Xinhua | 24.06.2020 08h59

A Canberra, la capitale australienne, un bâtiment jaune de deux étages - si discret qu'on pourrait facilement le manquer - héberge un institut responsable de nombreuses campagnes de propagande anti-Chine en Australie.

Cette institut diffuse une "vision unilatérale et pro-américaine du monde", a indiqué Bob Carr, ancien Premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud. "Je le considère comme l'architecte de la théorie de la 'menace chinoise' en Australie", a quant à lui déclaré Geoff Raby, ancien ambassadeur d'Australie en Chine.

Ils font tous deux référence à l'Australian Strategic Policy Institute ("Institut australien de politique stratégique", ou ASPI). De fait, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying, a déclaré un peu plus tôt ce mois-ci que son parti pris idéologique faisait de cet Institut le fer de lance des forces hostiles à la Chine, et a souligné que sa crédibilité académique avait déjà été sérieusement remise en question.

PROPAGANDE ANTI-CHINE

Il y a environ deux semaines, Twitter a supprimé des milliers de comptes pro-Chine à la suite d'une étude publiée par l'ASPI.

L'Institut a également fabriqué de toutes pièces des rapports sur la politique du gouvernement chinois dans la Région autonome ouïghoure du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, des rapports que la Chine a déjà réfutés à plusieurs reprises.

L'un des membres de l'ASPI a ouvertement contribué à la couverture médiatique de Wang Liqiang, un individu que la presse australienne a présenté comme un transfuge qui aurait fait défection en Australie. Wang Liqiang a notamment prétendu avoir travaillé comme agent secret à Hong Kong et à Taïwan, mais s'est par la suite révélé être un escroc déjà condamné, en possession d'une fausse pièce d'identité.

"L'histoire de Wang Liqiang n'est que le dernier exemple en date d'allégations dépourvues de preuves en Australie", a indiqué James Laurenceson, directeur de l'Institut des relations Australie-Chine de l'université de Technologie de Sydney.

Le directeur exécutif de l'ASPI, Peter Jennings, contribue cependant fréquemment à la presse australienne. Il a notamment produit des articles intitulés : "Une nouvelle guerre froide forcera l'Australie à modifier son comportement" ; "La fête est finie pour les tyrans de Beijing" ; ou encore "La Chine va être surprise par notre temps de réaction en matière de lois sur les investissements étrangers" - des articles qui reflètent clairement une mentalité de guerre froide.

DES FINANCEMENTS ETRANGERS

Beaucoup pensent que la position de l'ASPI sur la Chine est liée à ses sources de financement, dont certaines semblent provenir d'entreprises liées au secteur de la défense ou de gouvernements étrangers.

Lorsque le groupe de réflexion a été fondé en 2001, il était initialement financé par le gouvernement australien par le biais du ministère de la Défense.

Néanmoins, il "a (également) reçu près de 450.000 dollars australiens (environ 311.000 dollars américains) du département d'Etat américain pour surveiller les collaborations entre la Chine et les universités australiennes dans le domaine de la recherche", a indiqué Kim Carr, du Parti travailliste, cité par Myriam Robin dans un article publié par l'Australian Financial Review (AFR).

Les sommes exactes restent à vérifier, mais l'article de l'AFR indique que le Programme pour la transparence des influences étrangères, qui a été mis en place pour surveiller l'influence présumée du gouvernement chinois en Australie, "a ironiquement identifié certaines récentes sources de financement de l'ASPI, qui comprennent entre autres l'OTAN, le département d'Etat américain et le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth". La liste comprend également l'Ambassade du Japon, précise l'article.

Les entreprises liées à la défense comme Lockheed Martin, BAE Systems, Northrop Grumman, Thales et Raytheon font également partie des sponsors de l'ASPI, de même que certaines sociétés de technologies.

"Ces sources de financement ont enregistré une augmentation bien plus rapide que les financements du ministère de la Défense. Au cours du dernier exercice, elles atteignaient le chiffre record de 43% du budget total de l'ASPI, qui est de 9 millions de dollars australiens", indique l'article de l'AFR.

UNE OBJECTIVITE REMISE EN CAUSE

Sur la première page du site officiel de l'ASPI, le groupe de réflexion se décrit lui-même en gras comme "un groupe de réflexion indépendant et non partisan qui produit des conseils rapides et spécialisés à l'intention des dirigeants stratégiques et de la défense de l'Australie".

Les affirmations de l'Institut ont cependant fait l'objet de plusieurs critiques.

"L'ASPI adopte une ligne dure sur la Chine, dans le but de cultiver la peur et de permettre à ses donateurs de vendre plus d'armes aux pays de la région Asie-Pacifique", indique ainsi un article d'iTWire, un site d'information australien consacré aux technologies de l'information et des télécommunications.

"C'est une vieille stratégie, qui a déjà été utilisée - et est toujours utilisée - par les Etats-Unis au Moyen-Orient", explique l'article, écrit par Sam Varghese.

John Menadue, ancien diplomate et ex-PDG de Qantas, a quant à lui déclaré que l'ASPI "manquait d'intégrité, et faisait honte à l'Australie".

"Rendez-vous compte à quel point c'est insidieux... Lorsque les Etats-Unis font la guerre, c'est le complexe militaro-industriel qui en profite", a également déclaré Geoff Raby dans l'article de l'AFR.

(Rédacteurs :孙晨晨, Yishuang Liu)
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