Dernière mise à jour à 10h47 le 26/06
L'envoyée de l'ONU en République démocratique du Congo (RDC) a rappelé au Conseil de sécurité que les provinces de l'est du pays continuent de subir des cycles de violence.
"De nombreuses parties de l'est de la RDC continuent d'être déchirées en raison des activités des groupes armés et des conflits intercommunautaires", a déclaré jeudi Leila Zerrougui, la représentante spéciale du secrétaire général de l'ONU en RDC, lors d'un exposé aux membres du Conseil.
La situation dans certaines parties de la province de l'Ituri, en particulier, s'est gravement détériorée au cours des derniers mois. Une intensification des attaques contre les civils et les forces de sécurité par des assaillants associés à la communauté Lendu a, à son tour, incité les jeunes des communautés Hema et Alur à créer des groupes d'autodéfense, suscitant la peur d'un nouveau conflit à caractère ethnique.
De même, des informations faisant état d'incursions d'éléments de Forces de défense du Soudan du Sud dans le territoire d'Aru, dans le nord de l'Ituri, ont suscité des préoccupations en ce qui concerne la protection des civils et les déplacements des populations locales.
Dans la province du Nord-Kivu, l'inquiétude porte sur le groupe armé ADF dont les attaques ont entraîné une augmentation du nombre de victimes civiles. Le 22 juin, un convoi de la MONUSCO a été pris en embuscade par des éléments présumés des ADF près de la ville de Beni alors qu'il rentrait vers sa base après avoir reconstruit un pont endommagé. Un Casque bleu indonésien a perdu la vie et un autre a été blessé dans cet incident tragique.
Dans les hauts plateaux de la province du Sud-Kivu, les conflits intercommunautaires en cours ont encore dégénéré, avec la prolifération des milices dans toutes les communautés. Des efforts visant à désolidariser les communautés de ces milices et empêcher les acteurs extérieurs de soutenir leurs programmes seront essentiels pour contrer l'escalade de la violence dans la région, a dit Mme Zerrougui.
Dans le territoire de Nyunzu, situé dans la province du Tanganyika, plus de 100 civils ont été tués dans les conflits intercommunautaires entre Twa et Bantous au cours des derniers mois et les tensions restent élevées dans les régions voisines.
"Pour résoudre ces problèmes, la MONUSCO continue de suivre une approche globale, qui combine des déploiements de troupes actifs dans des zones chaudes pour la protection des civils; l'engagement avec les communautés ; l'élaboration de stratégies de protection ciblées; et la fourniture d'un soutien logistique essentiel et à grande échelle aux opérations des Forces armées congolaises (FARDC)", a souligné Mme Zerrougui.
La représentante spéciale a toutefois souligné qu'en dépit de l'augmentation de la violence dans plusieurs provinces de l'est de la RDC, la MONUSCO a continué de saisir activement les occasions d'appuyer le gouvernement congolais dans ses efforts de réconciliation au niveau local. "Dans le sud du territoire d'Irumu, par exemple, la situation sécuritaire a continué de s'améliorer depuis la signature de l'accord de paix avec la Force de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI), jetant les bases pour surmonter un conflit qui a duré près de deux décennies", a dit l'envoyée de l'ONU.
Mme Zerrougui a souligné que les FARDC "ont besoin de notre soutien total pour le travail qu'elles accomplissent" et ont en effet besoin d'une assistance importante et continue pour améliorer leurs capacités logistiques, de formation et opérationnelles. "La réforme du secteur de la sécurité au profit des forces congolaises doit donc continuer à être une priorité pour le gouvernement et un domaine vital que la Mission et la communauté internationale doivent soutenir", a-t-elle dit aux membres du Conseil.
Compte tenu du caractère interdépendant de la stabilisation politique, de l'amélioration de l'environnement sécuritaire et de la protection des civils, ainsi que du développement socio-économique, la MONUSCO avec l'équipe-pays des Nations Unies en RDC donne priorité à la mise en œuvre de programmes pour soutenir la transition dans les zones évoluant vers un état de post-conflit.
Alors que les violences se poursuivent à l'est, que des tensions politiques sérieuses demeurent entre les partis - y compris entre ceux formant la coalition au pouvoir - et que le pays est confronté à plusieurs urgences sanitaires, la Représentante spéciale a appelé à ne pas perdre de vue les attentes des Congolais.
"Il y a beaucoup de frustration de la part de la population, dont la plupart vivent dans une situation d'extrême pauvreté et doivent survivre avec ce qu'ils gagnent au jour le jour", a rappelé Mme Zerrougui, soulignant que la pandémie de COVID-19 n'a fait qu'accentuer leur précarité.