Dernière mise à jour à 08h56 le 16/09
La crainte exprimée par le président de l'Agence mondiale de lutte contre le dopage (WADA) Craig Reedie semble devenir une réalité.
Vendredi dernier, la WADA a déclaré que Paula Radcliffe, qui détient le record du monde du marathon, se trouvait "injustement impliquée dans les débats" du Comité parlementaire britannique sur l'enquête soulevée par les reportages du Sunday Times et de l'ARD en début août.
Ces reportages affirmaient avoir obtenu des données appartenant à la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) contenant plus de 12.000 tests d'échantillons sanguins de quelque 5.000 athlètes collectés entre 2001 et 2012.
Selon ces reportages, les données démontraient "l'ampleur extraordinaire de la triche" et plus de 50 médaillés d'or olympiques et champions du monde pourraient être impliqués dans le une affaire de dopage au cours de cette période.
"Il est malheureux que n'importe quel athlète soit ainsi impliqué et doive défendre sa réputation", a déclaré David Howman, directeur général de la WADA.
Mme Radcliffe, qui a pris sa retraite après le Marathon de Londres de cette année, a affirmé que la pression sur elle pour lui faire publier les données d'échantillons sanguins était "aux limites du harcèlement". Elle a autorisé Sky News à publier les résultats de son échantillon sanguin lorsqu'elle a été impliquée dans une audience du Parlement britannique contre le dopage.
Les "scores" utilisés pour mesurer les échantillons sanguins de l'Anglaise de 41 ans s'élevaient sur ces trois échantillons à 114,86, 109,86 et 109.3, selon Sky News.
Toute valeur au-dessus de 103 chez une athlète féminine peut donner lieu à une enquête, mais ce seuil peut être relevé pour différentes raisons, dont un entraînement en altitude ou le prélèvement des échantillons après un exercice extrême.
La décision pour déterminer si un test est positif est un processus compliqué, a souligné M. Howman.
"Laissez-moi redire clairement (...) qu'aucune information de la base de données antérieure à 2009, date d'entrée en vigueur du passeport biologique des athlètes (ABP), ne peut être considérée comme du dopage, légalement ou autrement.
"Salir la réputation d'un athlète sur la base de valeurs antérieures à 2009 serait totalement irresponsable. Au mieux, les échantillons sanguins de cette époque ne peuvent être utilisés que comme indicateurs d'une nécessité d'effectuer des dépistages ciblés sur les athlètes présentant des valeurs anormales ou inhabituelles", a-t-il dit.
"Même les données d'athlètes postérieures à 2009 et à l'introduction de l'ABP n'indiquent pas nécessairement un dopage. Le point fort de l'ABP est qu'il surveille certaines variables biologiques choisies sur la durée, par le biais du sang, qui révèle indirectement les effets du dopage", a-t-il dit dans un communiqué.
Lors du championnat du monde de Beijing, M. Reedie a de nouveau exprimé ses inquiétudes en tant que directeur de la WADA sur la pression que subissent les athlètes pour réclamer qu'ils publient leurs données.
"Il appartient à chaque athlète personnellement de décider ce qu'il veut faire de ses propres données. Je leur conseille de faire preuve de prudence avant de les publier car il est possible que tout le monde ne comprenne pas correctement la signification de ces données", a-t-il déclaré.
Une enquête urgente a été lancée le 7 août par la commission indépendante de la WADA, et M. Howman a suggéré aux athlètes de se tourner vers cette commission s'ils estiment qu'on porte atteinte à leurs droits.
"Si un athlète estime qu'on empiète sur ses droits ou qu'on l'attaque de manière inappropriée, en conséquence des reportages de l'ARD et du Sunday Times, il devrait signaler ses préoccupations à la Commission. C'est la voie correcte à suivre face à un procès des médias", a-t-il dit.