Les taxis français ont répondu jeudi à un appel à la grève émis par l'intersyndicale FTI 75-CFDT-CFTC-FO-Gescop-UDTP et plusieurs fédérations nationales afin d'exprimer leur mécontentement, en organisant notamment des " opérations escargot" aux abords de Paris mais aussi dans plusieurs grandes villes de province.
Ces opérations, qui consistent à mobiliser sur les artères principales des villes concernées des cortèges de taxis roulant au pas, ont, dès 6h30 du matin, considérablement ralenti le trafic aux abords des aéroports parisiens d'Orly et de Roissy ainsi que dans d'autres régions de l'Hexagone: à Nice, Nantes, Toulouse, Lille, Marseille ou encore à Lyon.
Ce mouvement social, qui a entraîné jeudi matin la formation d'importants embouteillages un peu partout en France, vise à protester contre une modification législative du système de transport des malades subventionné par la Sécurité sociale, jugée défavorable au métier de chauffeur de taxi, mais aussi contre l' émergence de la concurrence des véhicules de tourisme avec chauffeur, dont le nombre atteint environ 10 000, et des motos, que les représentants syndicaux estiment "déloyale".
L'article 44 de la loi de finances de la Sécurité sociale, adoptée en décembre 2012, prévoit la possibilité pour les établissements de santé et les caisses primaires d'assurance- maladie de procéder à des appels d'offre pour le transport des patients, qui pourraient, craignent les organisations syndicales, être remportés par des grandes entreprises de transport au détriment des chauffeurs de taxi conventionné.
Les taxis hexagonaux, qui avaient effectué en 2010 un tiers des 65 millions de trajets remboursés pour des malades, s'opposent à cette nouvelle mesure visant à réaliser des économies dans le budget de la Sécurité sociale, grevé d'un déficit de 13,3 milliards d'euros en 2012.
"On manifeste avant tout sur une base de solidarité nationale en raison de la promulgation de la nouvelle loi de finances 2013 sur la sécurité sociale qui prévoit de donner aux agences régionales de santé la possibilité de faire appel aux moins- disants (sur les appels d'offre) pour le transport des personnes malades », a indiqué le vice-président de la Chambre syndicale des artisans taxi (CSAT), Emmanuel Seeberger.
"Cela va exclure de fait les artisans taxi, surtout en province ", a-t-il poursuivi, redoutant que 10 000 d'entre eux se retrouveraient, par conséquent, "sans emploi".
Ce sont près de 5 000 taxis qui ont participé ce jeudi matin aux "opérations escargot" à travers l'Hexagone.