Le chef du gouvernement du Maroc, M. Abdelilah Benkirane, a tiré la sonnette d' alarme sur la situation préoccupante du régime de retraites au Maroc qui deviendra encore plus lorsque le gros des actifs arrivera à l'âge de la retraite (60 ans).
En lançant une bombe à retardement, à la séance mensuelle de politique générale, mercredi à la Chambre des conseillers (2ème chambre du parlement marocain), le chef du gouvernement marocain a reconnu qu'une catastrophe guette les Caisses de retraite.
En chiffres, Benkirane a exposé une situation désastreuse, confiant aux membres de la deuxième Chambre sa détresse et appelant les différents acteurs politiques, économiques et de la société civile à fédérer leurs efforts pour soutenir le gouvernement dans sa volonté de redresser la pente.
M. Benkirane a ainsi déclaré que les dépenses de la la Caisse marocaine de retraite (CMR) dépasseront ses revenus à partir de 2014 et le financement du déficit s'effectuera alors à travers les réserves de la caisse, qui s'épuiseront à l'aube de 2021, si aucune mesure n'est prise. Le chef du gouvernement marocain, qui a averti que la CMR serait dans l'incapacité de payer les pensions de ses retraités à partir de 2021, a indiqué que la caisse est déficitaire depuis la fin 2012, les revenus ne couvrant plus les dépenses (pensions versées aux retraités), ce qui l'oblige à recourir aux dividendes financiers.
Le rapport entre cotisants et bénéficiaires est passé de 12 contre 1 en 1983 à 6 contre 1 en 1997, puis à 3 contre 1 en 2011, a-t-il ajouté, soulignant que cette tendance se poursuivra à une cadence plus rapide et passera à 1 cotisant contre 1 retraité en 2032. M. Benkirane n'exclut pas une augmentation de l'âge de départ à la retraite.
Il a également indiqué que plusieurs scénarios sont examinés, allant du maintien de régimes actuels avec l'introduction de réformes visant à assurer leur pérennité, jusqu'à l'établissement d'un régime unique de retraite permettant de remédier à l'émiettement des régimes et garantir une base financière solide.
Parmi les possibilités examinées, figure également la mise en place d'un régime de retraite en deux pôles, l'un pour le public et l'autre pour le privé, comptant chacun un régime obligatoire plafonné et un régime complémentaire, a noté le chef du gouvernement.
A noter que la proportion actifs/retraités s'amenuise et risque de poser à terme l'épineux problème du financement des pensions. Les organismes de retraite sont inquiets quant aux pensions des futurs retraités. Avec de moins en moins d'actifs pour cotiser, le financement de la redistribution s'avère à terme des plus problématiques.
Au Maroc, il existe trois caisses de retraite obligatoires: la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) pour les personnes du privé, la CMR pour les fonctionnaires de l'Etat et le Régime collectif d'allocation de retraite, géré par la Caisse nationale de retraite et d'assurance (CNRA) pour les personnes de la fonction publique non titulaires.
La Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) est quant à elle facultative et assure un régime complémentaire aux salariés. Les cotisations sont à la charge et de l'entreprise et de l'affilié, dans des proportions variant de moitié/moitié à un tiers/ deux tiers.
Cotisations amenées à baisser, avec le vieillissement de la population, dans des proportions pour le moins inquiétantes à moyen terme. A cet égard, M. Benkirane a souligné que la CNSS connaitra son premier déficit en 2021 et épuisera ses réserves financières en 2049, ajoutant que la causse souffre de la non couverture d'une large frange de la population active, ce qui le prive d'une importante assiette financière et prive également cette catégorie de la couverture sociale (quelque 8,5 millions de personnes actives ne bénéficient pas de la couverture sur une population active totale de 10,4 millions de personnes).