Marseille reste en tête des villes françaises pour la grande criminalité indique vendredi le journal Le Monde qui publie un reportage et une enquête sur ce thème dans son édition.
Selon la même source, plus de 10 000 vols avec violences ou armes à feu, 24 meurtres, une quarantaine de tentatives de meurtre dans des règlements de comptes, 10 134 cambriolages, une cinquantaine de vols à l'arraché déclarés chaque semaine, ont été recensés en 2012.
Des chiffres en hausse, qui "disent le désarroi d'une société en proie à une violence meurtrière désordonnée et incontrôlable", a souligné le procureur de la République de Marseille, Jacques Dallest, dans le discours qu'il a prononcé, vendredi 25 janvier, à l'occasion de la rentrée solennelle du tribunal, rapporte Le Monde.
"En 2012, cinq personnes ont été tuées pour bien peu de chose : une sacoche, un fond de caisse, quelques valeurs ou des objets personnel," a-t-il ajouté. Parmi celles-ci, une avocate, Me Raymonde Talbot, tuée à coups de couteau à son cabinet en novembre.
De tous les tribunaux, Marseille est celui qui prononce le plus de condamnations à des peines d'emprisonnement ferme, dix- huit mois en moyenne contre huit à neuf dans les juridictions de même importance, révèle Le Monde.
La ville est aussi celle où le taux de récidive est deux fois plus élevé qu'ailleurs. La Justice est par ailleurs confrontée à la difficulté de sanction des « guetteurs », ces mineurs chargés de surveiller l'arrivée de la police dans les cités et de donner l' alerte aux revendeurs de drogue.
"Le code de la route sanctionne l'appel de phares qui prévient l'automobiliste du radar ou du contrôle policier, mais le code pénal ne permet pas d'incriminer les guetteurs dans la cité. Or, ils sont un maillon essentiel du trafic. Un grossiste en stupéfiants a les moyens d'embaucher une vingtaine de gamins à son service pour faire le guet", indique le procureur adjoint de Marseille, Christophe Barret, cité par Le Monde.
Devant cette situation alarmante, le tribunal de grande instance de Marseille a été doté de deux nouveaux magistrats, deux autres sont prévus pour septembre et un juge d'instruction est attendu en mars.
Le journal confirme que Marseille reste l'une des villes les plus pauvres de France et la plus inégalitaire de toutes les métropoles. L'écart s'établit d'un à quinze entre les 10 % des plus riches et les 10% les plus pauvres, soit quatre fois la moyenne nationale, est-il indiqué.
Selon les données de la Caisse d'allocations familiales, 44 % des moins de 18 ans vivent sous le seuil de pauvreté, tel que défini par l'Institut national des statistiques et des études économiques (l'Insee). Les experts évaluent à environ 100 000 le nombre d'emplois manquant pour afficher un taux de développement comparable à celui des autres grandes villes françaises, précise le journal Le Monde.
La pauvreté des populations des cités et le chômage de masse des jeunes notamment, figurent parmi les facteurs favorisant la grande délinquance et la criminalité à Marseille.