Moins de filles sont désormais soumises à la pratique de la coupure/mutilation génitale féminine (C/MGF), selon de nouvelles données publiées par l'ONU le 6 février à l'occasion de la Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines.
Dans les 29 pays d'Afrique et du Moyen-Orient où cette mutilation persiste, 36 % des filles âgées de 15 à 19 ans l'ont subie en moyenne, contre environ 53 % des femmes âgées de 45 à 49 ans. Le recul est particulièrement marqué dans certains pays: au Kenya, par exemple, les femmes âgées de 45 à 49 ans sont trois fois plus nombreuses à l'avoir subie que les filles âgées de 15 à 19.
« Ces progrès montrent qu'il est possible d'éliminer cette pratique », assure le directeur général du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Anthony Lake dans un communiqué de presse. « La mutilation génitale féminine est un mal absolu, nous pouvons et devons l'éliminer pour aider des millions de filles et de femmes à jouir d'une meilleure santé », a-t-il souligné.
Les récentes évaluations faites par le Fonds indiquent qu'au moins 120 millions de filles et de femmes l'ont subie dans les 29 pays en question. Compte-tenu des tendances actuelles, pas moins de 30 millions de filles âgées de moins de 15 ans peuvent y être encore exposées.
En décembre dernier, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté sans vote une résolution appelant les États membres à intensifier leurs efforts pour réaliser l'objectif d'une éradication universelle de la C/MGF.
Le directeur général de l'UNICEF, mais aussi le directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) notent que, si la volonté politique exprimée dans cette résolution se traduisait en investissements concrets, la C/MGF pourrait devenir un vestige du passé.
Ils relaient aujourd'hui l'appel lancé dans la résolution en plaidant pour une approche coordonnée qui promeuve un changement social positif aux niveaux communautaire, national, régional et mondial.
Depuis 2008, année où le Programme commun du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et l'UNICEF sur la C/MGF a été lancé, près de 10.000 communautés réparties entre 15 pays, représentant environ 8 millions de personnes, ont renoncé à cette pratique.
L'an dernier, 1.775 communautés africaines ont pris l'engagement public d'éliminer la C/MGF.
« Nous avons de bonnes nouvelles. Du Bénin au Burkina Faso, de l'Éthiopie à l'Égypte, de la Gambie à la Guinée, du Sénégal à la Somalie, des progrès ont été accomplis. Dans de nombreuses communautés, les gens se mobilisent pour renoncer à cette pratique dangereuse. Ils agissent pour protéger les droits des femmes et des filles à vivre des vies saines loin de la violence et de la discrimination », a déclaré de son côté Michelle Bachelet, la directrice exécutive d'ONU-Femmes, une agence qui soutient gouvernements et partenaires dans leurs efforts pour éradiquer les mutilations génitales féminines et promouvoir l'autonomisation des femmes.
Même dans les pays à forte prévalence, les attitudes à l'égard de la pratique évoluent. En Égypte, par exemple, où environ 90 % des filles et des femmes l'ont subie, le pourcentage des femmes âgées de 15 à 49 ans qui ont été mariées et qui pensent qu'il faudrait en finir avec la C/MGF a plus que doublé, passant de 13 % à 28% entre 1995 et 2008.
« Les femmes et les filles ayant accédé à l'autonomie sont celles qui briseront le cycle de la discrimination et de la violence et assureront la promotion et la protection des droits fondamentaux, notamment en matière de santé sexuelle et de procréation », a déclaré le directeur exécutif du FNUAP, le Dr. Babatunde Osotimehin.
« Collaborant avec les gouvernements et la société civile, le FNUAP et l'UNICEF ont appliqué avec succès une approche fondée sur les droits fondamentaux et sensible aux valeurs culturelles pour éliminer la C/MGF », a-t-il conclu.