La surinstruction est devenue plus courante dans les grandes villes chinoises et régions développées, ce qui peut entraver le développement d'une carrière et d'accélérer une fuite des talents, ont déclaré les professionnels et analystes du secteur.
«La fréquence moyenne d'une suréducation est désormais nettement plus élevée que dans certains pays développés, comme les États-Unis ou plusieurs pays européens, en dépit globalement d'une éducation insuffisante dans tout le pays», a déclaré Lai Desheng, doyen de l'école de l'économie et de l'administration des affaires de l'Université Normale de Beijing.
La surinstruction signifie que le niveau d'éducation d'une personne est au-dessus de ce que sa profession exige.
La tendance s'aggrave, principalement en raison de l'expansion rapide de l'enseignement supérieur et du déséquilibre du développement régional sur le marché du travail depuis plusieurs décennies, a expliqué M.Lai.
Cette tendance est normale dans une société où le flux libre du marché attirent les employés vers les régions développées et les industries offrant de meilleurs services publics, notamment au niveau de la protection salariale et sociale. Selon Lai, le problème est particulièrement grave en Chine, car «la surinstruction se focalise dans certains secteurs bien spécifiques, des régions et des villes ».
Sa conclusion s'est fondée sur un rapport du marché du travail du pays en 2012, qui a montré que la présence moyenne d'une suréducation était d'environ 43% plus élevée que le pic de 42% aux États-Unis en 1976.
Pendant ce temps, 8,9% de la population chinoise a reçu une éducation collégiale ou supérieure, bien plus faible que les 35% aux États-Unis, selon le rapport.
A Beijing, près de la moitié des 1 693 personnes interrogées, comprenant employeurs et employés, se sentent plus instruits ou pensent que c'est le cas pour ceux qui travaillent dans leurs industries.
Denise Chu, directrice général de CJOL, une filiale de la région Asie-Pacifique à Shenzhen, spécialisée dans le haut recrutement en ligne JobsDB, a déclaré qu'une surinstruction a lieu dans un nombre croissant de secteurs.
«À l'heure actuelle, les exigences éducatives pour la plupart des emplois sur le continent chinois sont au moins d'avoir un diplôme d'études collégiales ou un baccalauréat. Cependant, certains emplois peuvent effectivement être occupés par les diplômés du secondaire», a-t-elle souligné.
Une suréducation est particulièrement fréquente chez les emplois impliquant des ventes dans les secteurs de la finance et de l'assurance, ou dans les emplois de fabrication.
Les salariés occupant des postes tels que guides d'achat pour des marques de luxe, réceptionnistes et machinistes sont souvent plus instruits, selon la société CJOL.
Un gestionnaire pour une marque de vêtements française, dans le Nord de la Chine, qui s'est fait appelé M. Li, a indiqué que certaines grandes marques internationales préfèrent embaucher des diplômés d'universités comme vendeurs, surtout dans les grandes villes.
«Certains responsables n'hésitent pas à embaucher des vendeurs qui sont très instruits seulement parce qu'ils veulent bien paraître», a-t-il dit. «Mais, je crois que l'expérience dans la vente est plus importante que l'éducation des personnes».
Selon les analystes, la suréducation finira par avoir un impact négatif, et synonyme d'un gaspillage des ressources éducatives qui pourrait conduire à un mécontentement généralisé des employés.