L'actualisation du calendrier électoral malgache effectuée par la Commission Electorale Nationale Indépendante pour la Transition (CENIT) avec l'appui des experts électoraux des Nations Unies et les représentants de la communauté internationale, mardi dernier, continue de faire des vagues au sein du microcosme politique.
Mardi dernier, la CENIT a annoncé à l'issue de son conclave que le premier tour de l'élection présidentielle à Madagascar aura lieu le 24 juillet, le second tour est prévu le 25 septembre en cumulée avec les élections législatives, et les élections municipales auront lieu le 23 octobre de cette année.
L'actualisation du calendrier électoral a été prise en tenant compte des retards enregistrés dans la mise en place de la machinerie pré-électorale et des conditionnalités de mise en oeuvre du Programme d'appui au cycle électoral à Madagascar (PACEM) , et notamment du respect des délais légaux imposés par le code électoral malgache.
Cette décision, bien qu'elle ait été félicitée par bon nombre d' observateurs, continue d'être critiquée, notamment, par le président de la transition, Andry Rajoelina et ses partisans.
Jeudi dernier, Andry Rajoelina a lancé que "ce n'est pas le président de la transition qui a fixé la date mais ceux qui ont été mis sous la pression de la Communauté Internationale".
"Il s'agit d'un non respect du peuple malgache et tant qu'il existe encore des calculs politiques emprunts d'égoïsme, le pays restera au fond du gouffre", a-t-il dit.
Par ailleurs, dans une émission sur la chaîne de télévision nationale malgache du vendredi dernier, Rajoelina a démenti l' existence de l'aval de l'ONU concernant le report des dates comme l'a annoncé la présidente de la CENIT, Atallah Béatrice lors de la proclamation du calendrier électoral actualisé.
Il a ainsi montré une lettre du directeur de cabinet du secrétaire général de l'ONU, Madame Suzanna Malcora, précisant qu' "il doit y avoir un consensus entre les parties prenantes qui doivent toutes être consultées aussi bien sur les séquences que sur le calendrier des élections".
Le 15 janvier dernier, Rajoelina a annoncé sa non-candidature aux élections présidentielles. En même temps, il a suggéré le changement de l'ordre des élections en organisant en premier les élections législatives avant les présidentielles.
Lors de sa rencontre la semaine dernière à New York avec le secrétaire général de l'ONU, Ban-Ki-moon, M. Rajoelina a défendu sa proposition en avançant le risque d'instabilité dans le pays au cas où ce serait les présidentielles qui passeront en premier et par souci d'apaisement.
Face à ces propos de Rajoelina, l'ambassade des Etats-Unis à Madagascar a indiqué que "les États-Unis considéreraient toute influence ayant pour objectif de changer les décisions prises par la CENIT et les Nations Unies comme une violation de l'article 10 de la feuille de route".
L'article 10 stipule que la CENIT, qui dispose des pleins pouvoirs dans la gestion de l'ensemble du processus électoral, aura la responsabilité d'assurer que les élections se déroulent de manière libre, juste et transparente.
Il appartient à la CENIT et aux représentants des Nations Unies de déterminer le calendrier électoral sur la base du rapport de la mission d'évaluation des besoins électoraux des experts nationaux et internationaux.
"Ce n'est pas aux acteurs politiques de dire à la CENIT dans quelles conditions ils préfèrent se présenter. On devrait éviter que l'élection de 2010 (référendum constituionnel, ndlr), laquelle aucun pays n'a reconnu comme légitime, se reproduise. M. Rajoelina doit cesser ses efforts visant à compromettre l'indépendance et le travail technique de la CENIT", a indiqué l'ambassade des Etats- Unis.
Une feuille de route pour la sortie de crise malgache a été concoctée par la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC) et signée par onze entités politiques malgaches en septembre 2011. Elle constitue depuis sa signature le document cadre de sortie de crise malgache, une crise qui a sévi le pays depuis décembre 2008.