Après l'annonce de l'un des partis au pouvoir de se retirer du gouvernement et la décision " indiscutable" du Premier ministre Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates, la situation politique actuelle en Tunisie se veut de plus en plus semblable à un échiquier où un faux pas où un mauvais coup de l'un des principaux joueurs pourrait déclencher une bombe à retardement qui basculerait le pays dans une spirale de violence et une tornade de chaos.
LE TOURNANT CHOKRI BELAID !
Des attaques perpétrées ciblant des espaces culturels, des locaux et réunions politiques à l'intérieur du pays arrivant à l' attaque du siège de la Centrale syndicale et les incidents de l' ambassade américaine à Tunis en septembre dernier étaient des indices sur la propagation de la violence en Tunisie ayant franchie sa phase suprême, l'assassinat politique en l'occurrence.
Le 6 février 2013, un opposant de la gauche tunisienne Chokri Belaïd fut assassiné par balles réelles tout près de son demeure dans la capitale tunisienne. Jugé par les Tunisiens d'acte terroriste visant à déstabiliser le pays, cet assassinat a plongé toute la Tunisie dans une vague de colère accusant le parti islamiste majoritaire d'avoir planifié ce crime.
Le jour même des obsèques de Chokri Belaïd, des manifestations populaires ont balayé toute la Tunisie marquées par des actes de pillages et de vandalisme en plus d'affrontements entre policiers et manifestants dont la majorité des jeunes. Le dernier bilan: un policier tué, plusieurs blessés, sept postes sécuritaires incendiés, 28 véhicules brûlés et environ des centaines d' individus arrêtés.
L'assassinat de cet opposant tunisien ainsi que les scènes de violences et de perturbation sécuritaire qui en ont suivies ont suscité une préoccupation d'envergure internationale quant à l' avenir politique et socioéconomique de la Tunisie qui s'apprête à offrir à son peuple une nouvelle Constitution et à organiser la deuxième échéance électorale depuis la révolution de 2011.
UNE FISSURE POLITIQUE AU SOMMET DU POUVOIR
Le jour de l'assassinat de Chokri Belaïd, le Premier ministre Hamadi Jebali a annoncé qu'il formera unilatéralement un nouveau gouvernement restreint apolitique entrant ainsi dans un conflit avec la direction de son parti islamiste dont il est secrétaire général. Egalement cette décision n'a pas plu au Congrès pour la République (l'un des trois partis au pouvoir).
"J'ai dû prendre cette décision sans consulter les partis politiques le jour de l'assassinat de Chokri Belaïd de crainte que le pays ne bascule dans le chaos et l'irrationnel", a déclaré M. Jebali à une télévision étrangère. "C'est n'est pas une initiative de Jebali, a-t-il soutenu, c'est une initiative pour sauver le pays".
D'après le Premier ministre tunisien, "avant de sauver la coalition tripartite au pouvoir, il faut sauver la Tunisie d'une éventuelle vague de violence", a souligné M. Jebali, ajoutant que "la Tunisie est plus grande que les partis politiques".
Après un ultimatum d'une semaine pour trouver un consensus sur un nouveau gouvernement pas de technocrates mais plutôt d'union nationale, le Congrès pour la République (parti du Chef de l'Etat) a annoncé samedi 9 février 2013 qu'il quitte le pouvoir en retirant ses ministres (trois ministres et deux secrétaires d'Etat) .
La décision du Premier ministre sera soutenue "au cas où elle sera soumise à l'Assemblée constituante", selon le président du conseil national du Congrès pour la République (CPR).