Les responsables syndicaux font actuellement office de médiateurs dans un conflit à la suite duquel le patron d'une société américaine est retenu en otage dans les locaux de son usine par les ouvriers du site à Beijing.
Chu Lixiang, porte-parole de l'organisation syndicale dans le district de Huairou au nord de Beijing, a rapporté hier que les négociations sur le conflit d'ordre financier entre le gérant de la société, Chip Starnes, et ses employés étaient toujours en cours.
Selon Chu, les pourparlers se sont avérés difficiles ces trois derniers jours, dès lors que Chip Starnes, président de la succursale pékinoise de la société floridienne Specialty Medical Supplies, a renvoyé ses avocats à trois reprises.
Les nouveaux avocats des deux parties sont arrivés sur le site mardi après-midi pour préparer une dernière ronde de négociations, alors que cette impasse syndicale dure depuis près de cinq jours.
L'homme d'affaires de 42 ans est coincé dans un bureau de son usine installée au sein d'un parc industriel de Huairou depuis vendredi, quand les ouvriers l'ont empêché de quitter les lieux.
Starnes était arrivé à Beijing il y a une semaine pour licencier 30 employés du service des produits plastiques, qui ont par ailleurs chacun reçu une indemnité de licenciement.
Il a expliqué avoir décidé de délocaliser ce service en Inde en raison d'une main-d'œuvre moins coûteuse et d'un taux de change plus avantageux.
Toutefois, des rumeurs se sont répandues selon lesquelles l'usine serait délocalisée dans son intégralité, malgré la promesse de M. Starnes que les autres départements de l'usine resteraient en Chine. Plusieurs ouvriers d'autres services, qui n'auraient pas été payés depuis deux mois, ont alors commencé à réclamer des indemnités de départ semblables à celles accordées aux travailleurs mis à pied.
Le ton est encore monté lorsque les ouvriers se sont rendu compte que de nombreux arbres au sein du complexe avaient été coupés et que deux cadres supérieurs avaient démissionné. Ils se sont également aperçu que les équipements d'un autre secteur de la société avaient été expertisés par un ingénieur indépendant venu d'Inde.
Chu Lixiang a expliqué que l'affaire reposait sur un simple différend de travail, mais qu'elle avait attiré beaucoup d'attention dès lors qu'elle implique un responsable étranger et affecte tous les employés de l'usine.
Starnes a pour sa part annoncé aux journalistes qui s'étaient rassemblés devant la fenêtre de son bureau mardi qu'il était retenu au sein de l'usine contre son gré.
« Je dois retourner à mon hôtel, je dois prendre une douche et j'ai besoin de changer de vêtements », a-t-il laissé entendre depuis la fenêtre barricadée de son bureau.
Il a également affirmé qu'il continuerait à investir en Chine et que les emplois des ouvriers dans les autres services de l'usine que celui des plastiques étaient « sûrs ».
De nombreux fournisseurs de la société se sont également rendus sur place pour réclamer l'acquittement de leurs factures lorsqu'ils ont entendu dire que l'usine allait fermer.
Wang, un ouvrier de l'usine, a déclaré que la direction devait encore plus de dix millions de yuans (1,24 million d'euros) à ses fournisseurs.