La volonté grandissante des Chinois de passer sous le bistouri à des fins cosmétiques renvoie directement aux questions de base concernant le changement de la psyché nationale. Beaucoup affrontent le côté moins attrayant de la quête de la beauté - problèmes de dépendance, de défiguration et d'estime de soi.
Le pays se classe au premier rang en Asie et au troisième dans le monde, après les États-Unis et le Brésil, pour le nombre de procédures cosmétiques - plus de 1 million en 2011, selon un rapport de l'International Society of Aesthetic Plastic Surgery des États-Unis.
Ces chiffres n'incluent toutefois que les opérations effectuées par des professionnels certifiés. Beaucoup de Chinois subissent des chirurgies dans des hôpitaux de chirurgie esthétique, cliniques et salons de beauté illégaux.
Certains découvrent le côté moins attrayant de la quête de la beauté.
Zheng Yongsheng, directeur du Centre de beauté et de chirurgie plastique de l'hôpital Tongren de Beijing, a déclaré que la plupart des personnes qui subissent des chirurgies esthétiques ont une apparence moyenne, mais cherchent la perfection esthétique. Il y a une décennie, la plupart étaient défigurées et espéraient paraître normales.
« Le développement économique rapide, l'amélioration des conditions de vie et la concurrence sociale plus féroce ont engendré la hantise de l'apparence », a-t-il dit.
« C'est comme le jeu. Quand vous perdez, vous voulez gagner ce que vous avez perdu. Et quand vous gagnez, vous voulez gagner plus. Quand une chirurgie se passe mal, vous pensez toujours que vous serez chanceux la prochaine fois. »
Ding Xiaobang, un chirurgien plasticien qui exerce son métier à Beijing depuis plus de 20 ans, indique que jusqu'à 80 % de ses patients - la plupart du temps des femmes - subissent des chirurgies multiples.
« La plupart des personnes subissent une ou deux opérations et sont satisfaites », selon le docteur Ding. « Mais certaines en veulent plus et se sentent inquiètes jusqu'à ce qu'elles soient en mesure de satisfaire leurs envies. »
Ces personnes sont aux prises avec des questions d'image corporelle et se sentent laides, bien qu'elles aient une belle apparence ou que les autres les trouvent attrayantes, dit-il.
Les deux profils démographiques les plus susceptibles d'être rencontrés sont des personnes moins attrayantes dans la vingtaine ou la trentaine et des personnes d'âge moyen qui espèrent retrouver la belle apparence de leur jeunesse, explique M. Ding.
L'ancien journaliste Huang Wei, qui a couvert cette industrie pendant des années dans la ville de Xiamen, province du Fujian, avant de cofonder un cabinet privé à Beijing, déclare : « Cela peut particulièrement créer de la dépendance chez les personnes ayant un faible niveau d'estime de soi. »