Le réseau Internet en Chine reste vulnérable, et de nombreuses questions doivent être élucidées, ont déclaré mercredi les experts, après la paralysie la veille sur la toile.
Mardi après midi, des dizaines de millions d'internautes en Chine ont perdu l'accès au World Wide Web, en raison d'un dysfonctionnement critique de l'infrastructure du Domain Name System (DNS).
L'incident, qui découle d'une attaque par empoisonnement de cache, a laissé un grand nombre de domaines de haut niveau , y compris les .com, .net et .org, hors usage.
Les sites Web les plus populaires comme Baidu, Sina et Tencent, ont tous été touchés.
Environ plus des deux tiers des sites chinois ont été concernés, selon la société basée à Beijing, Qihoo 360 Technology Co Ltd
«Bien que le gouvernement dépense plus pour la protection du Domain Name System, l'industrie doit accorder plus d'attention à prévenir les attaques fortes de DNS», a déclaré Li Xiaodong, directeur exécutif du Centre du réseau d'information d'Internet de Chine (CNNIC). Le responsable dirigeant également un laboratoire d'Etat spécialisé dans l'administration des noms de domaine.
«La Chine devrait voir le DNS comme une infrastructure stratégique nationale essentielle, car c'est la base des applications Internet dans son ensemble», a-t-il souligné.
«Le pays a besoin d' une meilleure surveillance et un système plus rapide de réponse pour garantir la sécurité de l'Internet », a déclaré Zhao Wu, un expert de Qihoo en sécurité de site Web.
Au moins deux des serveurs 13 de noms racine à travers le monde ont été touchés, a-t-il noté. Les deux serveurs sont exploités hors de la Chine par la US National Aeronautics and Space Administration et la société DC Cogent Communications installée à Washington.
«Nous n'avons pas les conditions requises pour configurer un serveur racine à l'intérieur de la Chine», a expliqué le directeur du CNNIC. En indiquant que la seule façon d'améliorer la vitesse de l'Internet et la stabilité des réponses, était d'introduire plus de serveurs miroirs racines.
Le DNS fonctionne comme un navigateur sur Internet, dirigeant les pages demandées vers les adresses IP correspondantes.
«Le Hacking du DNS a pour but de tromper le serveur en guidant les demandes vers des sites hostiles. Techniquement, les pirates peuvent diriger les internautes vers un site de phishing. Devant un tel comportement, la confidentialité des informations des utilisateurs peut être compromise. L'incident de mardi, a cependant, seulement conduit les internautes vers une page blanche et aucune fuite d'information n'a été signalée», a indiqué Zhao Wu.
Mais c'était un dysfonctionnement sans précédent, tant en termes de nombre de sites concernés que la durée de l'incident , a déclaré le portail net.cn, un fournisseur de services Internet appartenant au groupe Alibaba.
«La cause de la panne demeure inconnue, mais il a été prouvé que les fournisseurs chinois n'avaient rien à voir avec cela», d'après le site d'actualités de qq.com, citant Song Yingqiao, vice-président de net.cn.
«Sur la base des informations actuelles, l'incident a été causé par une cyberattaque, mais la source ce celle-ci reste inconnue », a souligné le CERT (Computer emergency response team), un organisme de coordination technique soutenu par le gouvernement.
Mercredi, aucun groupe ou individu n'avait revendiqué la responsabilité de cet acte.
La Chine est devenue une cible privilégiée pour les hackers. En décembre dernier, plus de 2,2 millions de terminaux Internet dans le pays ont été infectés par des virus , 6823 sites ont été victimes de cybervandalisme, et 6171 autres ont été violés par des logiciels malveillants empruntant des brèches et portes dérobées, selon les données du CERT.
Le DNS est apparemment l'un des maillons les plus faibles dans le réseau Internet chinois.
En 2006, un tremblement de terre sous-marin avait paralysé les communications reliant la Chine et les Etats-Unis. Trois ans plus tard, un typhon avait déclenché des dysfonctionnements de services Internet dans plusieurs provinces.
Et en 2010, une organisation appelée la Iranian Cyber Army avait piraté Baidu, le moteur de recherche le plus populaire en Chine.