Un des survivants du naufrage recueilli par la marine italienne. |
Les procureurs italiens ont ordonné l'arrestation de deux survivants de la catastrophe du bateau de migrants de dimanche, les soupçonnant de traite d'êtres humains. Lundi soir, la justice italienne a identifié les suspects comme étant le capitaine tunisien du navire et son second syrien. Ils allèguent que le duo était aux commandes du bateau excessivement chargé quand il a chaviré avec pas moins de 900 personnes à bord au large des côtes de la Libye. Les autorités italiennes ont déclaré que les suspects ont été découverts parmi les 27 survivants interrogés à la suite de ce qui semble être la plus meurtrière catastrophe concernant des migrants en Méditerranée.
Plus tôt lundi, le chef de l'Union Européenne a appelé les 28 chefs d'Etat européens à tenir une session d'urgence pour faire face à cette crise sans précédent. Ce sommet de Bruxelles est prévu pour jeudi. Un deuxième navire transportant des migrants s'est échoué lundi près de l'île grecque de Rhodes, mettant en évidence le flux incessant de réfugiés venus d'Afrique, du Moyen Orient et d'Asie du Sud attirés par les promesses de stabilité politique et de prospérité en Europe.
Le Président du Conseil européen, Donald Tusk, a décrit la situation en Méditerranée comme « dramatique. Cela ne peut pas continuer comme ça. Nous ne pouvons pas accepter que des centaines de personnes meurent quand elles essaient de traverser la mer pour l'Europe ». L'Union Européenne a été critiquée pour ne pas avoir réussi à élaborer une réponse adéquate à la crise. L'an dernier, elle a abandonné un programme de recherche et de sauvetage en Méditerranée, suite aux préoccupations de certains membres craignant que les opérations maritimes risquent en fait d'encourager davantage de migrants en provenance d'Afrique et d'ailleurs d'entreprendre un voyage périlleux vers l'Europe.
Lundi, la responsable de la politique étrangère de l'UE Federica Mogherini a appelé à « un sens commun de la responsabilité européenne pour ce qui se passe en Méditerranée, sachant qu'il n'y a pas de solution facile, il n'y a pas de solution magique » à la crise. Le Premier ministre italien Matteo Renzi a quant à lui assimilé les opérations de contrebande en Méditerranée au commerce historique des esclaves africains, tandis que son ministre des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, a déclaré que l'Italie ne peut plus supporter seule le poids de migrants arrivant sur les côtes par milliers. « C'est, je le répète, une urgence européenne », a déclaré M. Gentiloni. « Le problème, ce n'est pas d'aider l'Italie. Il s'agit d'aider l'Europe. Vous ne pouvez pas avoir une situation d'urgence européenne et une réponse italienne ».