Dernière mise à jour à 14h47 le 03/05
Les parents de Wei Zexi, étudiant en sciences de l'informatique à l'Université Xidian dans la Province du Shaanxi, qui est décédé d'une forme rare de cancer, attendent à l'extérieur du funérarium de Xianyang, dans la Province du Shaanxi, le 13 avril. Wan Jia / Pour le China Daily
Le gouvernement central a mis en place une équipe d'enquête pour enquêter sur Baidu, le géant chinois des moteurs de recherche, après qu'il ait été accusé par un patient, qui est décédé depuis, d'avoir fourni des informations trompeuses sur un traitement médical.
L'équipe est composée de fonctionnaires de l'Administration du cyberspace de Chine, de la Commission nationale de la santé et de la planification familiale et de l'Administration d'Etat pour l'industrie et le commerce - le régulateur de la publicité en ligne en Chine. Jiang Jun, porte-parole de l'Administration du cyberspace de Chine, qui est l'organisme de réglementation de l'Internet en Chine, a déclaré que les résultats de l'enquête seront rendus publics.
Baidu, société cotée au Nasdaq, se trouve sous une pression croissante du public depuis qu'un couple ait révélé en ligne que leur fils de 21 ans est décédé d'un cancer après avoir reçu un traitement par immunothérapie dans un hôpital de Beijing. Les actions du moteur de recherche ont chuté de 6,8% à la Bourse de New York à l'heure de mise sous presse.
Wei Zexi, étudiant en sciences de l'informatique à l'Université Xidian dans la Province du Shaanxi, est mort d'un sarcome synovial, un rare cancer des tissus mous, le 12 avril dernier. A quatre reprises depuis le mois de septembre dernier, il avait reçu un traitement qui utilise des cellules générées par le propre système immunitaire d'un patient pour tuer les cellules cancéreuses.
Le traitement a été administré au centre de traitement biologique du Deuxième hôpital de la police armée de Beijing.
Selon les parents, leur fils avait appris l'existence de ce traitement et de l'hôpital en faisant des recherches sur sa maladie sur Baidu, et que l'hôpital était classé deuxième à partir du haut de la première page des résultats de recherche. Avant sa mort, il avait aussi posté des messages sur son expérience sur le site de questions-réponses Zhihu, qualifiant le traitement d'inutile et critiquant la pratique de référencement payant de Baidu.
Le référencement payant est un modèle de publicité sur Internet utilisé pour diriger le trafic vers des sites Web. Le système, en vertu duquel un annonceur paie un moteur de recherche pour chaque clic sur une annonce, a longtemps été une source majeure de revenus pour Baidu. De plus, par rapport aux autres moteurs de recherche comme Google, qui marque clairement les résultats de recherche qui sont des publicités avec une étiquette de couleur, la liste des référencements payants de Baidu ne dispose pas d'un signalement clair. Au lieu de cela, ils sont marqués par deux petits caractères gris indiquant que le référencement est une promotion payée.
Dans un communiqué de presse, les parents du jeune Wei ont déclaré : « Nous ne voulons pas de compensation, pas plus que nous ne poursuivrons en justice la moindre organisation ou le moindre individu que ce soit. Quand notre fils a affiché son expérience en ligne, son but était simple : c'était juste pour permettre à davantage de gens de savoir que cette thérapie est inutile ».
Dans ses messages en ligne, l'étudiant avait dit que d'autres hôpitaux publics lui avaient annoncé que ses jours étaient probablement comptés, car son cancer en phase terminale avait été diagnostiqué en 2014. Il avait aussi précisé que le traitement par immunothérapie qu'il avait suivi à l'hôpital de Beijing avait coûté à sa famille plus de 200 000 Yuans (31 000 Dollars US), dont la plupart avait été empruntés à des amis et parents.
Wei Zexi avait déjà été traité par chimiothérapie.
Ces derniers jours, le cas de l'infortuné jeune homme a suscité la colère du public au sujet de la réglementation de la publicité en ligne, avec un débat qui a mis l'accent sur une éventuelle responsabilité de Baidu pour les publicités à caractère médical qu'il diffuse.
De son côté, Baidu a déclaré dans un communiqué publié dimanche qu'il coopérerait pleinement avec l'enquête du gouvernement et que la diffusion d'informations fausses en ligne ne devrait pas être autorisée. Dans une autre réponse diffusée auparavant le même jour, Baidu avait dit avoir demandé aux autorités d'enquêter sur la sous-traitance de la thérapie controversée par l'hôpital.
De fait, les médias ont rapporté lundi que le centre de traitement biologique de l'hôpital où Wei Zexi a reçu sa thérapie ne faisait pas partie de l'hôpital, mais était sous-traité à une société privée en violation des règlements. Une visite du centre qui a eu lieu lundi a pu constater que ses activités ont été suspendues. L'hôpital a refusé de commenter.
Selon Ying Jianming, directeur adjoint du Département de pathologie de l'Institut du cancer et de l'hôpital à l'Académie chinoise des sciences médicales, le traitement par immunothérapie en question est réglementé comme étant de la recherche en sciences médicales, et que donc il ne doit pas être commercialisé ou pratiqué comme traitement régulier dans le commerce.
Mais dans de nombreux hôpitaux militaires affiliés comme celui où le jeune Wei est allé, « il n'est pas strictement réglementé », a-t-il dit, ajoutant que dans les grands hôpitaux publics, « ce genre de pratiques n'existe pas ». Toutefois, a-t-il souligné, la possibilité qu'un tel traitement puisse être utile pour certains patients ne peut pas être exclue. Un patient de sarcome synovial terminal, a-t-il également précisé, peut généralement vivre pendant un mois à un an avec les thérapies traditionnelles, comme la chirurgie et la chimiothérapie.
Ce n'est pas la première fois que Baidu est critiqué pour son modèle commercial : en novembre 2008, la chaine de télévision CCTV, appartenant à l'Etat, avait rapporté que Baidu avait vendu des emplacements prioritaires pour certains termes médicaux clés à de faux hôpitaux et à des fournisseurs de médicaments sans licence.
À l'heure actuelle, il n'y a pas de réglementation de cette pratique.
Zhu Wei, professeur associé à l'Université chinoise de science politique et de droit, estime pour sa part qu'un règlement détaillé sur la publicité en ligne devrait être adopté le plus rapidement possible. « Le référencement payant est une sorte de publicité et il devrait être régi par la loi », a-t-il dit.
De son côté, l'Administration d'Etat pour l'industrie et le commerce a rendu public un projet de règlement sur la publicité en ligne pour solliciter l'avis du public l'été dernier, mais aucune annonce n'a été faite depuis sur son statut.